Les problèmes de la dette française sont-ils au bord de l'escalade?
La France se débat avec sa dette qui explose, causant de l'inquiétude parmi les investisseurs des marchés financiers. La capacité du nouveau gouvernement à gérer la dette est remise en question, entraînant des coûts d'emprunt plus élevés pour la France.
L'anxiété se reflète dans la prime de risque en hausse exigée par les investisseurs pour les obligations du gouvernement français, par rapport aux Bunds allemands. Depuis les élections surprises de juin, où les partis populistes ont remporté des victoires, l'écart entre les rendements des obligations françaises et allemandes a presque doublé. Actuellement, l'écart entre les obligations à dix ans des deux pays s'élève à 0,79 point de pourcentage.
Le nouveau Premier ministre français, Michel Barnier, reconnaît le problème de la dette, la qualifiant de "situation sérieuse", et prône un "effort national". Cependant, les mains du gouvernement sont liées en raison de la dynamique du pouvoir au Parlement, soit à la merci du Rassemblement National (RN) d'extrême droite, soit de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) dominée par la gauche populiste. Cela rend difficile la mise en œuvre de mesures d'austérité rigoureuses.
Le fardeau de la dette de la France atteint 110 % de son Produit Intérieur Brut (PIB). L'an dernier, le déficit budgétaire a explosé à 5,5 % du PIB, bien au-delà de la limite de 3 % autorisée par l'UE. Même la dette totale a dépassé la limite de l'UE de 60 % de la production économique.
Procédure de déficit engagée
Pendant la pandémie de COVID-19, l'UE a accordé aux pays une certaine flexibilité pour respecter leurs règles de dette afin de fournir une aide économique. Après une période de négociations retardées, la réforme du "Pacte de stabilité et de croissance" a été mise en œuvre fin avril. Elle oblige les pays dont le niveau de dette est supérieur à 90 % à réduire leur ratio de dette d'un point de pourcentage par an.
Compte tenu de la dette élevée, la Commission européenne a engagé une procédure de déficit contre la France. Le gouvernement français a été chargé de soumettre un plan à Bruxelles détaillant les mesures pour faire baisser le déficit budgétaire en dessous du seuil approuvé.
Le délai initial de septembre a été reporté par la Commission à mi-octobre en raison de la formation du gouvernement français. Cependant, le gouvernement a reportedly demandé une extension supplémentaire jusqu'au 31 octobre. La Commission européenne estime que la France devra économiser 15 milliards d'euros par an pendant les sept prochaines années, ainsi que des réformes douloureuses.
Barnier prévoit de présenter un budget début octobre, mais le faire passer au Parlement pourrait s'avérer être une entreprise difficile et incertaine. Barnier fait face à la menace d'un vote de défiance en raison de l'absence de soutien.
Le camp de la gauche a déjà annoncé son intention de soumettre une motion de défiance contre le gouvernement de Barnier le 1er octobre, en principe. La coalition majoritaire n'a pas réussi à obtenir une majorité absolue et a eu besoin de la nomination du conservateur Barnier comme Premier ministre par le président Macron, dont le parti n'a obtenu que 5 % aux élections. La survie du nouveau gouvernement dépend du soutien du RN à la motion de défiance.
Barnier a mentionné la possibilité d'augmenter les impôts pour les riches et les grandes entreprises sans entrer dans les détails. Il a déclaré : "Je n'augmenterai pas les impôts pour tous les Français, ni pour les plus petits, ni pour les travailleurs, ni pour la classe moyenne. Mais je ne peux pas exonérer les plus riches des efforts nationaux pour améliorer la situation."
Les homologues de Barnier à l'UE et au ministère des Finances sont engagés dans des discussions pour s'entendre sur un plan de dépenses considéré comme "suffisamment restrictif". Cependant, rendre de telles mesures acceptables pour le Parlement hautement fractionné est un mystère. Même au sein du camp de Macron, les plans de Barnier pour augmenter les impôts pour les riches et les corporations rencontrent une résistance.
Les coûts d'emprunt élevés pour la France sont une conséquence directe des préoccupations concernant son économie et sa dette, comme le montrent la prime de risque en hausse exigée par les investisseurs pour les obligations du gouvernement français. L'instabilité économique est encore aggravée par le fardeau de la dette de la France, qui atteint 110 % de son PIB, dépassant la limite autorisée par l'UE.