Un tribunal australien condamne pour la première fois un homme d'affaires pour avoir planifié une ingérence politique en faveur de la Chine
Di Sanh Duong, 68 ans, figure éminente de la communauté chinoise de Melbourne, a été reconnu coupable par un jury mardi de préparation ou de planification d'un acte d'ingérence étrangère, ce qui est passible d'une peine maximale de 10 ans de prison.
Il est la première personne à être condamnée en vertu des lois introduites par le gouvernement australien en 2018 pour contrer l'influence étrangère dans la politique intérieure. La législation, qui a été adoptée après une série de scandales impliquant des tentatives présumées de Pékin d'influencer la politique australienne, a aggravé les tensions avec la Chine, le plus grand partenaire commercial du pays.
M. Duong a été inculpé en 2020 par la police de l'État de Victoria. Mardi, le tribunal du comté de Victoria a jugé qu'il avait tenté d'influencer secrètement l'ancien ministre fédéral Alan Tudge en faisant un don important à l'hôpital royal de Melbourne il y a trois ans.
Des photos prises lors d'un événement organisé à l'hôpital le 2 juin 2020 montrent M. Duong remettant à M. Tudge un chèque d'un montant de 37 450 dollars australiens (25 000 dollars). L'argent a été collecté par la Fédération océanienne des organisations chinoises du Viêt Nam, du Cambodge et du Laos, un groupe de la diaspora chinoise dirigé par M. Duong.
Les procureurs fédéraux ont allégué que Duong avait utilisé ce don pour s'attirer les faveurs de Tudge. Ce dernier n'a été accusé d'aucun acte répréhensible.
Les avocats du gouvernement se sont appuyés en partie sur un appel téléphonique intercepté entre Duong et un associé en avril 2020. Dans cet enregistrement, le tribunal a entendu Duong discuter de la valeur d'une relation avec Tudge, qu'il considérait comme un futur Premier ministre australien potentiel.
L'avocat de l'accusation, Patrick Doyle, a fait valoir devant le tribunal que M. Duong, ancien membre de la section du Parti libéral australien de l'État de Victoria, serait une "cible idéale" pour le département du travail du Front uni de la Chine.
Le Front uni est une vaste organisation dirigée par le parti communiste chinois au pouvoir, qui a pour mission de cultiver les relations avec les élites extérieures au parti, y compris la diaspora chinoise. Des chercheurs et des pays occidentaux, dont les États-Unis, l'accusent depuis longtemps de préparer des opérations d'influence à l'étranger pour le compte du gouvernement chinois.
"L'un des principaux objectifs de ce système est de gagner des amis au Parti communiste chinois, ce qui implique de susciter de la sympathie pour le parti et ses politiques", a déclaré M. Doyle au tribunal.
Les procureurs ont fait valoir que Duong avait été en contact avec des responsables de la sécurité de l'État chinois. Dans l'enregistrement d'un autre appel téléphonique mis sur écoute et diffusé au tribunal, on entend Duong dire à un associé : "Quand je fais des choses, ça ne passe jamais : "Lorsque je fais des choses, elles ne sont jamais rapportées dans les journaux, mais Pékin sait ce que je fais".
Duong sera condamné l'année prochaine.
CNN a contacté Duong pour obtenir des commentaires par l'intermédiaire de son avocat.
La police fédérale australienne a publié une déclaration mardi pour saluer le verdict.
"L'AFP remercie ses partenaires du groupe de travail sur la lutte contre l'ingérence étrangère au cours de cette enquête complexe. L'ingérence étrangère reste une priorité importante pour la sécurité nationale de l'AFP", indique le communiqué.
Dans une déclaration sur X, anciennement Twitter, le porte-parole de l'opposition pour les affaires intérieures, James Paterson, a déclaré qu'il se félicitait du verdict de culpabilité dans "la toute première affaire d'ingérence étrangère en Australie".
"Des poursuites fructueuses sont essentielles pour dissuader d'autres tentatives d'ingérence dans notre démocratie. L'AFP et les procureurs doivent continuer à appliquer la loi avec fermeté", a-t-il déclaré.
CNN a contacté le ministère australien de l'intérieur pour obtenir un commentaire.
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Source: edition.cnn.com