Le choix de Vienne : Nagelsmann a une dette envers le club
A Vienne, Julian Nagelsmann n'aura pas le temps de profiter de l'ambiance d'avant Noël au Prater et à la cathédrale Saint-Étienne. L'entraîneur allemand renoncera pour de bonnes raisons à un tour de grande roue, à une barbe à papa ou à un vin chaud réchauffant dans l'un des stands en bois déjà installés.
Après le désarroi de la défaite contre la Turquie, le prochain test émotionnel de l'Euro en Autriche mardi (20h45/ZDF) est la dernière chance d'aborder l'année de l'Euro à domicile avec un sentiment à peu près positif.
Quatre longs mois de pause internationale suivront. Celle-ci peut s'avérer très difficile si l'équipe nationale de football est entachée par une nouvelle défaite chez son petit rival. La dernière impression est toujours la bonne. Et puis, le 2 décembre, lors du tirage au sort de l'Euro, les Pays-Bas ou l'Italie risquent d'être des adversaires de groupe potentiels.
"Il n'y a pas de tête de série"
"Il n'y a personne de désigné et tout le monde est invité à donner le meilleur de lui-même", a répété Nagelsmann après la frustration du 3-2 à Berlin. Le message est clair : personne ne doit se relâcher.
La capitale autrichienne a accueilli l'équipe de la DFB dans un climat presque glacial après le court vol depuis Berlin. Avec une première analyse de la défaite dans ses bagages, Nagelsmann s'est attelé à la préparation finale pour le duel et les retrouvailles avec Ralf Rangnick. Le joueur de 36 ans aimerait certainement gagner la compétition tactique personnelle avec le gourou allemand de l'entraînement au service de l'Austria, même pour des motifs égoïstes. Après trois matchs, il a déjà le plus mauvais bilan de départ d'un entraîneur national depuis Erich Ribbeck en 1998.
Le rôle de Havertz au banc d'essai
Mais c'est surtout l'Allemagne du football qui attend désormais des réponses de la part de l'entraîneur national. Les symptômes permanents de l'ère Flick ont immédiatement refait surface contre la Turquie, lorsque Nagelsmann a tenté quelque chose (de plutôt fou) sur le plan tactique avec Kai Havertz comme arrière gauche. Devant, les occasions ont été négligées et derrière, la tendance est à la confusion. Ainsi, l'Euro à domicile ne sera certainement pas un nouveau conte de fées estival.
Quelles sont donc les solutions proposées par Nagelsmann face à des Autrichiens actuellement très sûrs d'eux ? Que Kevin Trapp remplace à nouveau Marc-André ter Stegen, malade du dos, dans les buts ou que l'un des nouveaux venus, Oliver Baumann et Janis Blaswich, puisse jouer, c'est encore la composante la moins importante. L'expérience Havertz serait même une option pour les championnats d'Europe, avait déjà laissé entendre l'entraîneur allemand pour une continuité à ce poste. Et l'ancien entraîneur du Bayern peut être assez têtu pour aller jusqu'au bout, contre l'opinion publique.
Mais dans ce système courageux, Mats Hummels fonctionne-t-il aussi dans la triple chaîne restante ? Ou bien le vétéran, rapidement érigé en figure de proue, passera-t-il à travers la grille tactique en raison de son déficit de vitesse ? On ne sait pas non plus de qui Nagelsmann parlait exactement lorsqu'il a évoqué le manque d'émotion de certains joueurs. Julian Brandt avait fourni de nombreux arguments contre la Turquie pour être visé. En l'absence de Jamal Musiala, blessé, Havertz pourrait très bien prendre sa place.
Un partenaire pour Gündogan
La question cruciale reste de toute façon : que faire de Joshua Kimmich ? Toutes les composantes parlent en faveur d'un repositionnement au poste de latéral droit. Cela permettrait de combler une lacune en matière de stabilité et de faire de la place au centre du six, aux côtés du capitaine Ilkay Gündogan, pour un véritable récupérateur de balle comme Pascal Groß, qui en a bien besoin. Cela avait parfaitement fonctionné en Amérique contre les Etats-Unis (3:1) et le Mexique (2:2), lorsque Kimmich manquait à l'appel pour cause de fièvre.
Nagelsmann avait annoncé en substance vouloir trouver une place dans l'équipe pour tous les meilleurs joueurs, même si c'était pour Havertz à l'arrière gauche. Vouloir satisfaire tout le monde avec du temps de jeu était une erreur fondamentale de son prédécesseur Hansi Flick, également lors du désastre de la Coupe du monde au Qatar. Cela explique peut-être aussi les réactions effrayées des fans et des experts face à la vague de personnel du nouvel entraîneur national.
La tâche ne sera pas facile à Vienne. Avec Rangnick, l'Autriche est dans une petite frénésie footballistique. "Les Autrichiens ont une très bonne équipe. Si l'on passe en revue les onze premiers, ou même les 13 ou 14, on y trouve déjà de très bons joueurs, qui sont titulaires dans des clubs de haut niveau en Europe", a déclaré Rudi Völler à la radio bavaroise.
Völler fait l'éloge de Rangnick
"Le directeur sportif de la DFB a fait l'éloge de la construction d'équipe dans le pays voisin, ce qui est encore à l'ordre du jour pour Nagelsmann. "Je pense qu'ils ne vont pas seulement nous rendre la vie difficile à Vienne, mais qu'ils vont aussi jouer un bon Euro", a prédit Völler.
L'adversaire ne manque pas de confiance pour le duel avec l'Allemagne et l'Euro. "Nous n'avons pas perdu nos chances, nous avons fait une bonne qualification, nous sommes en forme et nous sommes vraiment une équipe géniale. Nous allons rendre la tâche de l'Allemagne aussi difficile que possible et nous allons essayer de gagner le match", a déclaré Christoph Baumgartner du RB Leipzig, l'un des nombreux professionnels de la Bundesliga dans le cadre de l'Austria. Et de toute façon, un peu d'humour va toujours de pair. "Nous n'allons pas ici pour être simplement présents, nous voulons déjà montrer ce que nous, les skieurs, avons aussi dans le ventre".
Source: www.dpa.com