Cinq conseils pour vous aider à faire preuve d'indulgence
(CNN) - À moins d'être de la même étoffe que Mère Teresa, peu d'entre nous peuvent dire qu'ils n'ont jamais été en colère contre quelqu'un au point d'avoir l'impression de ne pas pouvoir dépasser la douleur qu'il nous a causée.
Un conjoint infidèle, une brute de l'enfance, un ami qui vous poignarde dans le dos ou un collègue manipulateur - l'auteur de la colère peut être un membre de votre famille ou un ami, un étranger, voire vous-même. L'offense peut être relativement mineure, comme une remarque dépréciative faite à un moment inopportun, ou bouleversante, comme le fait de causer la mort de quelqu'un. Indépendamment des détails précis, il y a de fortes chances que vous soyez passé par là et, si vous êtes honnête, probablement plus d'une fois.
Si l'incident en question vous cause une détresse persistante et a un impact négatif sur votre vie, c'est là que le mot en F - le pardon - peut avoir un rôle à jouer, explique le psychologue Robert Enright, pionnier dans le domaine de la science du pardon et professeur de psychologie de l'éducation à l'université du Wisconsin-Madison.
"Quelles sont vos voies de guérison ? Et s'il y a eu tentative, sur tentative, sur tentative, sans guérison, je suggérerais gentiment la possibilité de pardonner. Mais c'est toujours le choix de celui qui pardonne", a déclaré M. Enright au Dr Sanjay Gupta, correspondant médical en chef de CNN, lors d'un récent épisode du podcast "Chasing Life".
M. Enright, qui étudie le pardon depuis près de quarante ans et qui est cofondateur de l'Institut international du pardon, une organisation à but non lucratif, a déclaré que de nombreuses preuves montrent que cet acte a des effets psychologiques bénéfiques, notamment la réduction de la colère, de l'anxiété et de la dépression. Le pardon a également un impact positif sur notre santé, notamment une baisse de la tension artérielle, un meilleur sommeil, une diminution des niveaux d'inflammation induits par le stress et un renforcement du système immunitaire.
M. Enright, qui a travaillé avec des gouvernements étrangers, des victimes d'inceste et de viol, des cancéreux en phase terminale, des personnes incarcérées et des enfants vivant dans des régions touchées par la guerre, explique qu'il ne s'agit pas de pardonner et d'oublier, mais de pardonner et de se souvenir.
"Se souvenir d'une nouvelle manière, sans rancune, sans que la rage ne remonte à l'intérieur de nous", a-t-il déclaré. "C'est comme si vous vous étiez blessé au genou et qu'à ce moment-là vous ressentiez une grande douleur et de la confusion. Mais quand vous y repensez, cinq ans plus tard, vous vous souvenez de ce qui s'est passé, mais ce n'est pas avec le même type de douleur.
Bien sûr, c'est plus facile à dire qu'à faire. Pour aider les gens à cultiver consciemment le pardon, M. Enright, qui est également un auteur prolifique, a mis au point un modèle de processus de pardon qui présente les étapes à suivre pour y parvenir. "À la fin de ce processus, c'est vous qui êtes guéri", a-t-il déclaré.
Selon M. Enright, plus on pardonne, plus on s'améliore. "Le pardon s'améliore au fur et à mesure que vous le pratiquez. Et si vous pratiquez le pardon dans les situations quotidiennes de votre propre famille, de votre propre quartier, de votre propre communauté, alors vous vous améliorez", a-t-il déclaré.
"Au fur et à mesure que vous pratiquez le pardon de façon modeste, vous développez votre goût pour le pardon, vous vous familiarisez avec lui, de sorte que lorsque les choses difficiles de la vie arrivent, vous êtes mieux préparé parce que vous connaissez le chemin, que vous aimez le chemin, et que le pardon fait partie de votre vie", a-t-il ajouté.
Alors, comment commencer ? Voici les cinq principaux conseils d'Enright (édités pour des raisons de longueur) :
Déterminer si c'est le bon moment pour pardonner
Comment savoir si le moment est venu de pardonner ? Il se peut que ce soit le contraire de ce que vous pensez.
"Si votre colère est intense et durable, et que vous avez tout essayé pour guérir, vous pourriez envisager de pardonner à ceux qui vous ont traité injustement", écrit Enright dans un courriel. "Lorsque nous sommes traités de manière très injuste par d'autres personnes, nous pouvons ressentir des effets négatifs tels qu'une colère intense, de la tristesse et de la confusion. Parfois, cette colère intense peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années."
Il est normal de ne pas être en mesure de pardonner tout de suite, a-t-il ajouté. "Et pour ceux qui sont prêts - certains le seront, beaucoup ne le seront pas - le chemin du pardon devrait être librement choisi, et il peut être profondément guérisseur."
Comprendre ce qu'est le pardon - et ce qu'il n'est pas
Pardonner ne signifie pas excuser le tort, se réconcilier nécessairement avec l'autre personne ou abandonner la recherche de l'équité, a déclaré M. Enright. Au contraire, "pardonner, c'est offrir de la miséricorde à ceux qui ont agi injustement".
Cela se fait en trois étapes. La première consiste à cultiver au fil du temps de nouveaux schémas de pensée à l'égard de la personne qui vous a fait du tort. Ensuite, il faut cultiver au fil du temps des sentiments moins négatifs et plus positifs à l'égard de cette personne, ce qui, selon Enright, "ne peut pas être simplement voulu".
La troisième étape consiste à adopter des comportements moins négatifs et plus positifs à l'égard de la personne. Il s'agit notamment de "ne pas faire de mal" à l'autre (par exemple, ne pas lever les yeux au ciel lorsqu'il parle) et peut-être même de dire un mot gentil à son sujet à d'autres personnes.
S'attendre à ce que le processus prenne du temps
Pour certaines personnes, le pardon vient rapidement, voire spontanément, mais pour la plupart d'entre elles, a expliqué M. Enright, "le chemin vers le pardon est comme un voyage que vous parcourez chaque jour et ce processus peut prendre du temps".
Pour commencer ce chemin, il a suggéré d'utiliser le modèle de processus de son organisation. Il est divisé en quatre phases : examiner les effets sur vous de l'injustice de la personne ; s'engager à commencer à pardonner à la personne ; élargir votre compréhension de l'autre personne, y compris ses blessures et sa valeur inhérente ; et trouver un nouveau sens à votre souffrance.
Développez votre capacité de pardon
Ne vous attendez pas à devenir Mère Teresa du jour au lendemain.
"Commencez par les personnes qui vous ont fait un peu de mal et progressez jusqu'à celles qui vous ont profondément blessé", explique M. Enright.
Lorsque vous vous entraînez à pardonner au quotidien, vous pouvez vous attendre à en récolter les bénéfices physiques.
"Lorsque vous pratiquez le pardon, l'amygdale du cerveau réduit les signaux envoyés à l'hypothalamus, ce qui facilite les signaux envoyés aux glandes pituitaires, qui réduisent les niveaux excessifs de cortisol. Cela peut entraîner une baisse des niveaux d'anxiété et de dépression", a-t-il déclaré.
S'attendre à l'inattendu
À mesure que vous approfondissez votre pratique du pardon, il se peut que vous obteniez des résultats paradoxaux, a expliqué M. Enright.
"En offrant les qualités positives de la gentillesse et même de l'amour à ceux qui ont été injustes, vous pouvez vous-même expérimenter les qualités positives d'une meilleure estime de soi, d'un plus grand espoir pour l'avenir et d'une amélioration des relations", a-t-il déclaré.
Parce que vous activez et renforcez différentes régions de votre cerveau, la pratique du pardon peut également conduire à une meilleure résolution des problèmes et à une meilleure prise de décision, tout en vous aidant à développer votre empathie et à approfondir votre rétablissement émotionnel, a ajouté M. Enright.
"La personne qui vous a blessé n'a plus de pouvoir sur vous, car votre cœur n'est plus contrôlé par les actions passées de cette personne", a-t-il ajouté.
Nous espérons que ces cinq conseils vous aideront à vous rapprocher d'un cerveau plus indulgent. Écoutez l'épisode complet ici pour en savoir plus sur les étapes du pardon, y compris sur la manière de se pardonner à soi-même, et pour découvrir si tout le monde a la capacité de pardonner. Rejoignez-nous la semaine prochaine sur lepodcast Chasing Life, lorsquele Dr Gupta se plongera dans le sac à courrier pour répondre à vos questions.
Eryn Mathewson, de CNN Audio, a contribué à ce reportage.
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Source: edition.cnn.com
