À l'intérieur des étonnantes églises abandonnées d'Europe
Dans l'espoir de capturer leur splendeur fanée avant qu'il ne soit trop tard, le photographe français Francis Meslet a passé près d'une décennie à documenter des églises, des chapelles et des prieurés abandonnés, dans des états de délabrement divers. Ses images étonnantes montrent des orgues à tuyaux délabrés, des cloîtres envahis par la végétation, des bancs vides depuis longtemps et la lumière du soleil se déversant dans des nefs jonchées de poussière et de décombres.
"Je m'intéresse à l'emprise du temps qui passe sur l'architecture, à la manière dont un bâtiment tente de survivre à l'abandon, aux intempéries et au temps", explique-t-il par courrier électronique.
Avec des images prises en France, en Belgique, en Allemagne, en Italie et au Portugal, son nouveau livre, "Abandoned Churches : Unclaimed Places of Worship", rend un hommage étrange à un type de bâtiment qu'il décrit comme "très particulier dans l'histoire de l'architecture et dans l'histoire des hommes". M. Meslet, qui a déjà voulu être architecte, a un sens aigu de la symétrie structurelle, et sa collection couvre des styles allant du gothique au néoclassique.
De nombreuses églises ont manifestement été négligées pendant des années. Mais d'autres semblent n'avoir été désertées que récemment, leurs murs peints étant encore étrangement vivants, leurs sièges disposés comme s'ils attendaient la prochaine congrégation. La nature peut cependant agir rapidement, a déclaré M. Meslet.
"Il arrive qu'un bâtiment récemment abandonné se détériore très rapidement, principalement à cause de l'eau qui s'infiltre dans le toit. "Au bout de quelques hivers et de quelques années, on peut être surpris par la beauté de la dégradation et de la végétation qui commence à pousser à l'intérieur.
Seule une poignée des églises qu'il a visitées avaient été vandalisées. Certaines abritent encore des statues, des vitraux et des autels ornés qui n'ont pas été endommagés. Néanmoins, afin d'éviter d'autres dommages, le livre de M. Meslet exclut intentionnellement les détails qui pourraient rendre les bâtiments plus faciles à trouver.
Le photographe rencontre rarement d'autres personnes lorsqu'il photographie les églises et, pour le bien du patrimoine et de la sécurité des personnes dans ces bâtiments souvent délabrés, il souhaite qu'il en reste ainsi.
"Ces dernières années, l'engouement croissant pour la photographie d'exploration urbaine a malheureusement dégradé la discipline", explique-t-il. "Les novices et les visiteurs peu scrupuleux contribuent au déclin rapide de ces lieux une fois qu'ils sont découverts.
Laissés à l'abandon
Qu'il s'agisse d'une église de village rendue obsolète par l'urbanisation, ou d'une vieille chapelle succombant à des dégâts structurels, la principale cause de leur fermeture est invariablement le manque de financement, selon M. Meslet.
"Ce phénomène est d'autant plus paradoxal quand on voit ce qui s'est passé en France après l'incendie de Notre-Dame et l'incroyable somme d'argent qui a été récoltée en quelques jours pour la restaurer", a-t-il ajouté.
On accorde beaucoup moins d'attention à ce qu'il appelle "ces petites églises qui meurent à petit feu dans les campagnes". Rien qu'en France, l'Observatoire du patrimoine religieux, association à but non lucratif, recense des centaines d' églises qu'il considère comme menacées ou qui ont fermé ces dernières années.
La détérioration de ces édifices semble refléter le déclin de la religion - ou plus précisément de la fréquentation des églises - en Europe occidentale. Si la plupart des habitants de cette région s'identifient encore comme chrétiens, seul un sur cinq environ assiste régulièrement à des offices religieux, selon le Pew Research Center.
Le symbolisme des photos n'échappe pas à M. Meslet, qui est lui-même un chrétien non pratiquant.
"Au fil du temps et de mes explorations, j'ai constaté le déclin d'un nombre croissant d'édifices religieux dans toute l'Europe. Cela pose une question essentielle : Qu'est-il advenu de la foi, de la religion et de nos sociétés ? C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de commencer à travailler sur ce projet.
Au départ, j'ai intitulé cette œuvre "Il Était Une Foi". En français, 'fois' (temps) et 'fois' (foi) se prononcent de la même manière, on pourrait donc dire en anglais 'Once upon a Faith'".
"Églises abandonnées : Abandoned Churches : UnclaimedPlaces of Worship", publié par Jonglez Publishing, est disponible dès à présent.
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Source: edition.cnn.com