Thèse 1 : Scholz ne doit pas craindre la révolte, mais des paroles claires de son parti
Congrès fédéral du SPD - Un message clair à Scholz, mais pas de règlement de comptes : cinq thèses sur la rencontre du parti de la chancelière
Que va dire Olaf Scholz ? En l'état actuel des choses : Pas ce que son parti veut entendre de lui. Samedi matin, le chancelier fédéral s'exprimera lors du congrès du SPD à Berlin. Contrairement à ce qu'espéraient ses camarades, Scholz n'a pas encore réussi à présenter une solution pour le budget 2024. Des sources proches du SPD affirment que le budget 2024 ne pourra pas être adopté cette année. "Bien que de notre côté, nous ayons tout fait pour cela", a écrit la responsable du groupe SPD Katja Mast dans un message adressé aux députés jeudi, selon les informations de stern.
Cela augmente la pression sur Scholz. Si le chancelier ne peut même pas annoncer un consensus politique avec ses partenaires de coalition, Scholz se retrouvera au moins dans l'obligation de s'expliquer devant les 600 délégués. S'il devait en plus laisser entrevoir des économies sur les prestations sociales - un chiffon rouge pour le SPD -, la situation deviendrait vraiment inconfortable. Des propositions problématiques pourraient réduire considérablement la marge de manœuvre de Scholz dans les négociations. Avec pour conséquence que les âpres discussions avec les Verts et le FDP deviendraient encore plus difficiles.
Scholz n'a certes pas à craindre une révolution de palais, mais le parti de la chancelière en difficulté ne peut pas se permettre d'avoir un chancelier ridiculisé. Pour ses camarades, Scholz est tout simplement too big to fail. Il doit toutefois faire preuve de clarté et montrer à son parti une voie pour sortir de l'ornière qui va au-delà de ses paroles de confiance. Dans le cas contraire, les rumeurs au sein du SPD chercheront un exutoire, peut-être dans le débat qui suivra son discours. Le moins que l'on puisse faire, c'est de mettre en garde la base contre un démantèlement de l'État social.
Thèse 2 : les présidents de parti doivent trembler - pas le chancelier
Tous deux ont promis le renouveau, tous deux doivent maintenant justifier ce qu'il en est advenu : Saskia Esken et Lars Klingbeil se présentent vendredi à la réélection en tant que double chef de file. La "décennie sociale-démocrate" que les coprésidents avaient proclamée il y a deux ans va connaître une fin abrupte au vu des sondages actuels : Le SPD était devenu la première force politique lors des élections fédérales de 2021 avec 25,7 pour cent, il n'obtient aujourd'hui au mieux que 17 pour cent - loin derrière l'AfD et très loin derrière la CDU/CSU.
La gestion incessante de la crise, y compris au sein de l'Ampel, un parti qui se bat, et la réticence à entrer en conflit avec son propre chancelier ont affecté le profil du parti. Le secrétaire général Kevin Kühnert, qui se présente également à la réélection, déclare : il existe au sein du SPD "un grand besoin de passer de la réaction à l'action". On veut à nouveau fixer des thèmes. C'est ce que veulent faire Esken et Klingbeil avec leur proposition phare. Une charge plus élevée pour les hauts revenus devrait par exemple faire battre le cœur des rouges. Mais le fait que les camarades aient envie de se rassurer et souhaitent plus de social-démocratie dans la "coalition du progrès" est aussi à mettre à leur actif. La direction du parti a jusqu'à présent évité la confrontation avec le cours du gouvernement. L'(in)satisfaction vis-à-vis de sa tête se reflétera dans les résultats électoraux.
Thèse 3 : la star cachée du congrès du parti pourrait s'appeler Rolf Mützenich.
Après la pâle déclaration gouvernementale de Scholz sur la crise budgétaire, le chef du groupe parlementaire du SPD, Rolf Mützenich, a lui aussi pris la parole - et a rattrapé ce qui manquait auparavant au chancelier : une annonce claire, tant à l'intérieur (au groupe parlementaire du SPD) qu'à l'extérieur (aux partenaires de la coalition). Un murmure de reconnaissance et de soulagement a parcouru les rangs du groupe parlementaire du SPD lorsque son président a délimité la position du SPD : la règle de l'endettement dans la Loi fondamentale a besoin de "corrections fondamentales", a déclaré Mützenich, la "grandeur politique prise au hasard" ne doit pas être brandie comme un "ostensoir". Peu après le jugement de Karlsruhe, Mützenich avait déjà osé sortir de sa réserve. Alors que Scholz sondait encore la situation en silence, le chef du groupe parlementaire du SPD est passé à l'attaque - dans des interviews, des discours. Et peut-être samedi midi lors du congrès du parti.
Thèse 4 : les riches ne devraient pas se rendre au congrès du parti (et le FDP non plus).
Que représente le SPD ? C'est ce qui sera discuté en profondeur de vendredi à dimanche. Sans tenir compte des sensibilités des partenaires de coalition. Des impôts plus élevés pour les riches, une augmentation du salaire minimum, la réforme du frein à l'endettement - si l'on en croit les propositions, le SPD inscrira dans son programme de nombreux objectifs qui sont pratiquement impossibles à réaliser avec son partenaire de coalition, le FDP. Un adieu aux feux de signalisation ? "Nous nous positionnons en tant que SPD", a déclaré le co-chef du parti Klingbeil dans une interview accordée à stern, sans entrer dans les détails de la divergence entre la ligne du parti et celle du gouvernement. Le message entre les lignes : Le parti n'a plus envie de jouer le rôle de médiateur et de modérateur.
Thèse 5 : Deux thèmes clés seront à l'origine d'une grande dispute : la migration et le frein à l'endettement.
Le SPD va devoir faire face à un débat difficile, en particulier sur la politique migratoire. Le mot d'ordre du chancelier Scholz de vouloir "enfin" expulser "à grande échelle" avait provoqué une irritation parfois grave chez de nombreux socialistes. La direction du parti tente manifestement de répondre à ce mécontentement : Comme l'a rapporté le "Tagesspiegel", la direction du SPD veut présenter samedi une motion qui prend ses distances par rapport au cours du gouvernement. De nombreux aspects des propositions critiques de la base devraient y être repris, par exemple sur le sauvetage en mer ou le regroupement familial. La discussion sur le frein à l'endettement ne devrait pas être moins controversée. La direction du SPD aspire à une réforme, mais pour les jeunes du parti, cela ne va pas assez loin. "Nous, les Jeunes socialistes, voulons aller plus loin et supprimer complètement le frein à l'endettement de la Loi fondamentale", a annoncé Philipp Türmer, le chef des Jeunes socialistes, dans le "Süddeutsche Zeitung". Cela se reflétera également dans des propositions.
Le SPD déterminera sa position, s'assurera de ses principes. Mais il est tout aussi certain qu'il ne s'agira pas d'un congrès du parti où l'on se fait des câlins.
Lire aussi:
- Le SPD exclut toute décision budgétaire avant la fin de l'année
- Médias : Israël veut autoriser davantage d'aide pour Gaza
- Israël veut autoriser une aide accrue pour Gaza
- Moins d'entrées non autorisées en Allemagne
Source: www.stern.de