Leave the World Behind", une paranoïa à la Mr. Robot qui donne à réfléchir.
Outre les stars que sont Julia Roberts (qui a déjà travaillé avec Esmail sur la série Amazon "Homecoming"), Mahershala Ali et Ethan Hawke, l'équipe de production de "Leave the World Behind" comprend les Obama, ce qui marque le premier film de fiction du couple sous leur bannière de production Higher Ground. Ayant judicieusement choisi des documentaires de grande classe, la société rapporte à Netflix, cinq ans après le début de leur accord, des dividendes qui vont au-delà de la vanité et du prestige d'une association avec l'ancien président.
Adaptant le roman de Rumaan Alam, Esmail tourne le film d'une manière qui ressemble parfois à une pièce de théâtre filmée, ce qui permet de longs échanges entre les personnages. Certains d'entre eux s'avèrent un peu maladroits, mais il les ponctue ensuite d'images choquantes et d'une bande sonore dissonante qui donne un avant-goût du chaos qui semble s'ensuivre, en grande partie discrètement hors de l'écran.
Amanda (Roberts) et son mari Clay (Hawke) ont loué une maison dans un coin reculé de Long Island pour passer des vacances avec leurs deux adolescents (Charlie Evans, Farrah Mackenzie), ce dernier étant si drôlement obsédé par "Friends" que la seule chose à laquelle elle pense lorsque l'enfer commence à se déchaîner est de savoir si elle arrivera un jour à terminer sa séance de visionnage.
Après un étrange incident à la plage, un homme prétendant être le propriétaire de la maison qu'ils louent, G.H. (Ali), se présente avec sa fille adulte ("Industry" Myha'la), manifestement perturbée par la situation qui s'envenime et le manque d'accès aux médias à la suite d'une panne d'électricité apparemment causée par une cyber-attaque. G.H. en sait peut-être plus qu'il ne le laisse entendre, alors que le sentiment de malaise s'intensifie et que des événements inhabituels continuent de se produire.
Le découpage du film en chapitres donne à "Leave the World Behind" un aspect plus littéraire, les questions de confiance étant potentiellement exacerbées par celles liées à la race et à la classe sociale. Le manque de clarté sur ce qui se passe, quant à lui, aide à se mettre approximativement à la place des personnages, tout en soulignant la vulnérabilité de notre monde numériquement connecté.
Comme nous l'avons vu, Esmail a exploité ce coin du zeitgeist avec "Mr. Robot", mais les grandes lignes du roman d'Alam non seulement s'inscrivent dans cette lignée, mais l'affinent, en creusant la fragilité de la société à un niveau micro et macro, d'une manière qui doit beaucoup à un épisode particulier de "La Quatrième Dimension", tout en l'actualisant pour notre époque (dire quel épisode reviendrait à spoiler).
Alors que "Don't Look Up" mettait l'accent sur l'inconscience et l'indifférence face à la crise climatique par le biais d'une satire exagérée, Esmail délivre un autre message qui fait réfléchir, imprégné de sa propre mise en garde, dans un ensemble mêlant l'horreur et les thrillers paranoïaques des années 1970.
Cela fonctionne comme un divertissement, mais cela fait partie de ces rares films qui poussent les spectateurs à réfléchir et réussissent à le faire. Il convient également de noter que, bien que Netflix ait offert à ce film l'accès obligatoire aux salles de cinéma en même temps qu'à ses autres produits de prestige, son impact sera probablement plus important lorsqu'il sera visionné à la maison, dans nos propres petits cocons médiatiques.
Quoi qu'on en retienne, "Leave the World Behind" devrait susciter des conversations au-delà de la question de savoir s'il faut appuyer sur le bouton "J'aime". À cet égard, il faut reconnaître à Esmail le mérite d'un film qui, que ce soit en haut, en bas ou sur le côté, fait en sorte qu'il est difficile de détourner le regard.
"Leave the World Behind" sera diffusé pour la première fois le 8 décembre sur Netflix. Il est classé R.
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Source: edition.cnn.com