La France juge un adolescent après le meurtre d'un enseignant
Il y a un peu plus de trois ans, un jeune de 18 ans radicalisé assassine l'enseignant français Samuel Paty parce que celui-ci parle en classe d'une caricature de Mahomet. Après l'attaque, il s'avère que des élèves ont fourni des informations à l'auteur. Ils doivent maintenant répondre de leurs actes devant la justice.
La décapitation de l'enseignant français Samuel Paty par un jeune de 18 ans radicalisé avait profondément choqué la France il y a un peu plus de trois ans. A partir de lundi, six mineurs devront répondre de cet acte devant un tribunal pour enfants. L'auteur avait été abattu par la police. Le procès se déroule à huis clos.
Le Paty, 47 ans, a été assassiné après avoir montré des caricatures controversées de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression. Paty avait laissé à ses élèves la liberté de quitter la salle s'ils ne voulaient pas les voir. Cette précaution lui a été fatale.
Une élève de 13 ans à l'époque - qui n'était même pas venue en cours ce jour-là - en a parlé à son père. Celui-ci a à son tour diffusé une vidéo dans laquelle il affirmait que Paty avait délibérément envoyé des élèves musulmans hors de la classe pour montrer aux autres des représentations humiliantes de Mahomet. L'élève est maintenant accusé de diffamation et risque, s'il est condamné, jusqu'à deux ans et demi de prison.
Les garçons ont décrit l'apparence de l'enseignant
La campagne de diffamation sur les services en ligne avait suivi son cours et atteint Abdulach Ansorow, 18 ans. Celui-ci était arrivé en France à l'âge de cinq ans en provenance de Russie, avait à l'époque un permis de séjour et était radicalisé depuis plusieurs mois. Il ne connaissait pas l'enseignant.
Le dernier jour d'école avant les vacances d'automne, Anzorov a tendu une embuscade à l'enseignant. Il a eu recours à l'aide de plusieurs garçons qui lui ont décrit à quoi ressemblait Paty et où il avait l'habitude d'aller après l'école. L'auteur aurait payé plusieurs centaines d'euros pour ces services. Cinq garçons, âgés de 14 ou 15 ans à l'époque, sont maintenant accusés d'association de malfaiteurs en vue de préparer un acte de violence grave.
Outre les six mineurs, huit adultes doivent également répondre de leurs actes devant le tribunal dans le cadre d'une autre procédure. Parmi eux figurent deux amis de l'auteur, qui l'auraient accompagné lors de l'achat d'armes et sur le chemin menant au lieu du crime. Selon la volonté du parquet, ils doivent être poursuivis pour complicité d'assassinat terroriste, car ils étaient au courant de l'attitude djihadiste de l'auteur. Ils risquent une peine de prison à vie.
"Le crime est le résultat de nombreuses actions punissables".
Le père de l'élève inculpé et un autre homme, qui avaient alimenté la polémique contre Paty dans des services en ligne, devront répondre devant la justice de la constitution d'une organisation terroriste criminelle. Parmi les accusés adultes figure également une femme convertie à l'islam qui était en contact avec l'auteur russo-tchétchène par l'intermédiaire de X.
L'acte d'accusation du parquet antiterroriste compte 541 pages. "Même si Abdulach Anzorov a agi seul, le crime est le résultat d'une série d'actions délictueuses", y est-il écrit. Le Paty était "très inquiet" avant le crime au regard de "l'ampleur et de l'agressivité de la polémique".
Trois ans presque jour pour jour après le meurtre de Paty, une autre attaque mortelle d'un jeune djihadiste contre un enseignant avait secoué le pays. Mohammed M., 20 ans, également originaire de Russie et se réclamant du djihadisme, avait poignardé à Arras le professeur d'histoire Dominique Bernard. Arrêté, il a fait savoir par son avocat qu'il souhaitait s'exprimer lors de son procès.
Source: www.ntv.de