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Israël veut éradiquer le Hamas - mais le plan ne fonctionnera pas

Après le massacre perpétré par le Hamas, Israël a le droit de se défendre, et même de faire la guerre. Mais on peut se demander si la guerre menée par Israël à Gaza rend le pays plus sûr - ou même plus dangereux.

Des Palestiniens récupèrent une jeune femme après une attaque dans la ville de Khan Yunis, au sud....aussiedlerbote.de
Des Palestiniens récupèrent une jeune femme après une attaque dans la ville de Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza.aussiedlerbote.de

Massacre du 7 octobre - Israël veut éradiquer le Hamas - mais le plan ne fonctionnera pas

Depuis deux mois, depuis que l'armée israélienne a attaqué Gaza en réponse au massacre perpétré par l'organisation terroriste Hamas, une grande partie de la communauté internationale adresse deux exigences étroitement liées aux parties en conflit à Gaza : on exige du Hamas la libération immédiate des otages - et d'Israël le respect du droit international en ce qui concerne l'intervention militaire dans la bande de Gaza. Le problème est qu'Israël lie directement la fin de ses attaques à la libération de tous les otages - et ce calcul ne fonctionne pas depuis près de deux mois. La question de savoir si la stratégie actuelle d'Israël aide réellement les otages se pose de plus en plus.

Le souhait de la population israélienne de voir les otages enfin libres est compréhensible à tous les niveaux. Il n'est pas nécessaire de faire preuve de beaucoup d'empathie pour imaginer les souffrances que doivent endurer les proches des otages et les prisonniers eux-mêmes. Rien ne peut justifier l'attaque terroriste du Hamas et l'enlèvement des otages.

Mais la mort de milliers de civils innocents à Gaza est tout aussi injustifiable aux yeux d'une partie croissante du monde, notamment dans le Sud. Depuis quelques jours, l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza s'est étendue au sud du territoire. Là où des civils palestiniens ont fui par centaines de milliers depuis le nord pour se rendre dans des zones prétendument sûres. Au plus tard maintenant, plus personne n'est en sécurité ici non plus. La situation dans la bande de Gaza atteint ainsi un nouveau niveau d'escalade.

L'Occident use-t-il de son influence sur Israël - ou se résigne-t-il ?

Après la rupture du cessez-le-feu et les conditions de plus en plus dramatiques dans la bande de Gaza, la guerre se trouve à un seuil psychologique décisif : soit les Etats influents de ce monde pourront inciter Israël à agir militairement différemment. Ou bien les appels à la proportionnalité s'affaibliront de plus en plus - jusqu'à ce qu'une grande partie de la communauté internationale finisse par se résigner.

L'homme est un animal d'habitude. Nous nous habituons à presque tout dans notre vie. Y compris à la représentation de la souffrance et de la douleur que subissent les autres. Si nous ne pouvons rien changer à cet état de fait, beaucoup d'entre nous commencent à se résigner par autoprotection. Ce qui nous empêche de nous résigner, de nous désintéresser, ce sont des scénarios et des aspects partiels toujours nouveaux, de nouvelles images aussi, qui maintiennent notre attention à un niveau élevé. En ce qui concerne la situation actuelle dans la bande de Gaza, de telles "nouvelles" nouvelles seront bientôt rares, ce qui est effrayant.

Car les détails cruels de la situation ont déjà été décrits avec insistance et montrés en images à la communauté internationale pendant des semaines : Des milliers d'enfants, de mères et de pères non impliqués, ensevelis sous les décombres. Des femmes très âgées qui se mettent en route à pied du nord au sud pour tenter de survivre. Des bébés qui ne peuvent plus être soignés dans les hôpitaux.

Les chaînes arabes comme "Al Jazeera" retransmettent toutes ces scènes en direct et sans censure à la télévision depuis des semaines. De ce fait également, et grâce aux protestations ainsi déclenchées, la pression sur les élites politiques occidentales s'est accrue pour qu'elles se positionnent plus clairement vis-à-vis d'Israël en faveur du respect du droit international : Tant le ton du président français Macron que la position du président américain Joe Biden se sont durcis au cours des dernières semaines. Oui, le pouvoir des images est fort, on le voit ici. Mais plus fort que la force de l'habitude ? Cela dépend.

L'extension de l'intervention de l'armée israélienne au sud de la bande de Gaza pourrait toutefois rendre les critiques encore plus vives. L'Unicef qualifie déjà la bande de Gaza d'endroit le plus dangereux au monde pour les enfants. L'OMS lance un appel pressant à Israël pour qu'il protège davantage les civils. Les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et les Palestiniens sur place font quotidiennement état de l'insécurité dans le sud et de l'absence croissante d'alternative pour trouver un endroit sûr. Ces appels à l'aide auront-ils un impact ?

Conflit au Proche-Orient : les Etats-Unis cherchent une nouvelle attitude

Les premiers signes d'une nouvelle attitude à l'égard d'Israël ont pu être observés ailleurs, récemment, chez le président américain Joe Biden : En raison des agressions commises par des Israéliens violents contre des Palestiniens en Cisjordanie, les Etats-Unis veulent limiter l'entrée d'extrémistes israéliens.

Ce serait la première fois que des paroles critiques à l'égard d'Israël seraient suivies d'actes concrets de la part des Etats-Unis. Les Etats-Unis sont le principal soutien d'Israël et en même temps le pays dans lequel vivent plus de Juifs qu'en Israël même. Si le soutien général à Israël s'effrite, comme l'a montré récemment le blocage de l'aide à Israël par le Sénat américain, cela pourrait avoir des conséquences. Les premiers effets peuvent déjà être observés ici en Allemagne : Selon un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, l'Allemagne souhaiterait étendre les restrictions d'entrée pour les colons extrémistes à l'Union européenne.

Le secrétaire général de l'ONU António Guterres s'est quant à lui adressé mercredi au Conseil de sécurité. Il a invoqué l'article 99 de la Charte de l'ONU, qui n'a guère été utilisé jusqu'à présent, et qui lui permet "d'attirer l'attention sur toute question qui, à son avis, peut mettre en danger la garantie de la paix et de la sécurité internationales". Bien que cette mesure ne soit pas juridiquement contraignante, elle n'en est pas moins historique. On peut s'attendre à ce que le Conseil de sécurité se concerte au moins à ce sujet dans les jours qui suivent. Tout cela n'équivaut pas à une résistance collective. Pour cela, il faudrait au moins une autre résolution contraignante de l'ONU avec des sanctions formulées en cas de non-respect des exigences. Reste à voir si cela se fera.

Il semble toutefois clair qu'Israël ne peut pas lutter pour une protection durable du peuple israélien avec sa manière actuelle de procéder, au contraire : les enfants de Gaza qui survivront à la guerre actuelle seront en grande partie traumatisés à vie. Ils grandiront avec la douleur, la souffrance et la colère dans leur cœur. Le terreau pour d'autres organisations terroristes est créé ces jours-ci à Gaza et dans le monde arabe. L'infrastructure du Hamas peut être détruite, mais l'idéologie du terrorisme est actuellement immensément renforcée. Cette triste certitude n'aide ni les Juifs, ni les Palestiniens. Les deux peuples méritent de vivre en paix et dans la dignité.

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Source: www.stern.de

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