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Opinion : À quoi peut-on s'attendre lorsqu'un cadre du secteur pétrolier dirige les négociations sur le climat ?

John D. Sutter analyse la logique déconcertante du dirigeant pétrolier Sultan Al Jaber qui dirige les négociations sur le climat de la COP28 et explique pourquoi ses récents commentaires sont si dangereux.

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John D. Sutter

Opinion : À quoi peut-on s'attendre lorsqu'un cadre du secteur pétrolier dirige les négociations sur le climat ?

C'est le doute et la confusion.

C'est pourquoi les nouvelles de la COP28 à Dubaï sont si exaspérantes.

La COP - une réunion internationale de pression par les pairs destinée à éviter un réchauffement climatique désastreux - est censée être un moment de clarté retentissante, où les dirigeants du monde se réunissent pour réaffirmer leur engagement à abandonner les combustibles fossiles et à promouvoir un avenir qui soit, vous savez, vivable.

Le message devrait être clair : le monde peut et doit abandonner les combustibles fossiles le plus rapidement possible au profit de sources d'énergie plus propres comme le vent et le soleil.

Nous disposons de la technologie et des leviers politiques nécessaires pour réussir.

Au lieu de cela, les négociations de la COP28 se sont enlisées dans la controverse et la confusion.

Les Émirats arabes unis, un État pétrolier, accueillent les négociations. Le président de la COP est Sultan Al Jaber, directeur d'une entreprise d'énergie renouvelable et de la compagnie pétrolière nationale d'Abou Dhabi.

Nommer un cadre du secteur pétrolier pour diriger les négociations mondiales sur le climat n'est pas sans rappeler le fait de laisser la NRA animer un symposium sur le contrôle des armes à feu.

Il n'est donc pas surprenant qu'Al Jaber ait fait des commentaires stupéfiants, notamment en affirmant que l'abandon des combustibles fossiles - qui, une fois de plus, devrait être l'objectif de ces négociations - risque de nous faire "retourner dans des grottes". Il a également affirmé, à tort, qu'il n'y a "aucune science" qui soutienne une élimination totale des combustibles fossiles afin d'atteindre les objectifs de température qui sont au centre des négociations.

"S'il vous plaît, aidez-moi, montrez-moi une feuille de route pour une élimination progressive des combustibles fossiles qui permettra un développement socio-économique durable, à moins que vous ne vouliez ramener le monde dans des cavernes", a-t-il déclaré le 21 novembre, dans les jours qui ont précédé le sommet COP28. Ces propos ont été tenus lors d'une conversation avec Mary Robinson, ancienne présidente de l'Irlande et envoyée spéciale des Nations unies pour le climat, et ont été rapportés pour la première fois par The Guardian, qui a publié une vidéo de la discussion.

"Il n'y a pas de données scientifiques, ni de scénario, qui disent que l'élimination progressive des combustibles fossiles permettra d'atteindre l'objectif de 1,5 °C", a-t-il déclaré, faisant référence à l'objectif de température de l'accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.

Un rapport publié dimanche pendant la COP28 par le Programme des Nations unies pour l'environnement et d'autres indique qu'"une élimination rapide et gérée des combustibles fossiles est nécessaire" pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux.

M. Al Jaber a tenté de revenir sur ses propos lors d'une conférence de presse lundi, affirmant qu'il respectait la science et que ses commentaires avaient été "déformés". "J'ai dit et répété que la réduction et l'élimination progressives des combustibles fossiles étaient inévitables", a-t-il déclaré.

Mais le mal était déjà fait.

Les observateurs ont raison de s'interroger sur les intentions d'Al Jaber et sur l'intention de l'ensemble du processus. Et le public pourrait, à juste titre, se demander si ces efforts valent la peine d'être déployés.

C'est tragique, surtout si l'on considère la longue et frustrante histoire des intérêts des combustibles fossiles qui injectent le doute dans les conversations politiques sur la crise climatique. Les grandes lignes de la science du climat sont bien comprises depuis plusieurs décennies.

Mais à partir des années 1970, les entreprises de combustibles fossiles se sont inspirées de l'industrie du tabac et ont commencé à semer le doute et la confusion dans une science bien établie. Les retombées de ce doute hantent encore aujourd'hui les conversations politiques sur la crise climatique. Elles conduisent à des années, voire des décennies, d'immobilisme ou d'inefficacité.

Il est également frustrant de constater que le public a peu d'occasions de se concentrer sur le réchauffement de la planète - et la réunion annuelle de la COP tend à être l'un des moments où le monde s'intéresse à la question.

Aux États-Unis, seuls 35 % des adultes parlent de la crise climatique au moins occasionnellement, selon une enquête réalisée en 2021 par le Yale Program on Climate Change Communication.

Un peu moins - 33 % - en entendent parler au moins une fois par semaine dans les médias.

Ce n'est pas tout à fait ce à quoi on pourrait s'attendre, étant donné que l'habitabilité de notre planète est menacée. Nous subissons aujourd'hui les conséquences d'un monde réchauffé, sous la forme d'incendies de forêt, de conditions météorologiques extrêmes, de sécheresses extrêmes et d'une crise d'extinction en plein essor dans le monde naturel.

S'il y a une lueur d'espoir dans le fait que les commentaires d'Al Jaber ont été extrêmement dérangeants et perturbateurs, c'est qu'il y a un certain avantage à observer clairement la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons.

Lapollution due aux combustibles fossiles, qui piège la chaleur, continue d'augmenter année après année.

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L'appel à la démission d'Al Jaber fait peut-être partie d'une solution à court terme pour restaurer la crédibilité de la COP28 et de toutes les réunions de la COP à venir. Mais il y a un point plus important sur lequel l'opinion publique doit être absolument claire : Nous devons exiger une élimination totale des combustibles fossiles.

Les dirigeants mondiaux présents à la COP28 peuvent et doivent tenir cette promesse.

Et le public doit leur demander des comptes.

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Source: edition.cnn.com

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