L'industrie des combustibles fossiles a presque quadruplé le nombre d'inscriptions au sommet sur le climat depuis l'année dernière, selon un rapport d'un organisme de surveillance
Selon le rapport d'une coalition de groupes de surveillance des entreprises et de défense du climat, dont Global Witness, les employés et les représentants des combustibles fossiles sont plus nombreux que les délégations de tous les pays, à l'exception des Émirats arabes unis, pays hôte de la COP28, et du Brésil.
La participation globale au sommet a également explosé ces dernières années, avec plus de 80 000 personnes inscrites à la réunion de Dubaï, soit plus du double du nombre de personnes inscrites au sommet de l'année dernière en Égypte. Le rapport n'a pas été en mesure de déterminer le nombre de représentants des combustibles fossiles effectivement présents, mais il a montré que le nombre d'inscriptions avait augmenté au fil des ans.
Ces conclusions risquent d'alimenter les tensions lors de ce sommet déjà controversé, où le rôle futur des combustibles fossiles, principaux responsables de la crise climatique, s'annonce comme l'un des principaux points d'achoppement.
Leprésident de la COP28, Sultan Al Jaber, également dirigeant d'une société pétrolière, a affirmé que l'industrie des combustibles fossiles devait être impliquée dans le sommet.
"L'histoire retiendra que c'est la présidence qui a fait le choix audacieux de s'engager de manière proactive avec les compagnies pétrolières et gazières", a-t-il déclaré lors de son discours d'ouverture jeudi. CNN a contacté l'équipe de la COP28 pour obtenir des commentaires.
L'analyse de la coalition, qui s'est organisée cette année sous le nom de Kick Big Polluters Out, a examiné la liste provisoire des participants à la COP afin d'identifier les personnes qui se sont déclarées liées à des entreprises de combustibles fossiles ou à des organisations ayant des intérêts dans les combustibles fossiles ou à des fondations détenues ou contrôlées par une entreprise de combustibles fossiles.
L'étude a révélé qu'un nombre "sans précédent" de 2 456 employés et représentants d'entreprises de combustibles fossiles s'étaient inscrits pour participer à la COP28, soit nettement plus que les 636 personnes qui s'étaient inscrites à la COP27 en Égypte en 2022.
L'analyse de cette année a été facilitée par la décision prise en juin par les Nations unies d'exiger pour la première fois des lobbyistes des énergies fossiles qu'ils divulguent leurs affiliations lorsqu'ils s'inscrivent au sommet.
D'après l'étude, les employés et les représentants du secteur des combustibles fossiles ont reçu plus de laissez-passer pour la COP28 que l'ensemble des délégués des dix pays les plus vulnérables au changement climatique.
"Les couloirs et les salles de négociation de cette conférence sur le climat sont envahis par le plus grand nombre de lobbyistes des combustibles fossiles jamais vu", a déclaré Lili Fuhr, directrice adjointe du programme sur le climat et l'énergie au Centre pour le droit international de l'environnement (Center for International Environmental Law).
Les gouvernements doivent "rester concentrés sur l'obtention d'un résultat qui soutienne et impose une élimination complète des combustibles fossiles tout en protégeant l'élaboration des politiques publiques des intérêts liés aux combustibles fossiles", a-t-elle déclaré à CNN. "Cela reste notre seule chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 (degré Celsius).
Certains scientifiques et groupes de défense ont exprimé des inquiétudes croissantes quant au niveau d'ambition du sommet, après que des propos tenus par M. Al Jaber dans la période précédant la COP28 ont récemment refait surface. Lors d'une table ronde enregistrée le mois dernier, il a déclaré aux participants qu'il n'existait "aucune donnée scientifique" indiquant que l'élimination progressive des combustibles fossiles était nécessaire pour atteindre l'objectif consistant à limiter le réchauffement à 1,5 degré.
Après la révélation de ces propos dimanche, M. Al Jaber a farouchement défendu son engagement en faveur des objectifs climatiques et de la science. Lors d'une conférence de presse tenue lundi, il a déclaré aux journalistes que ses propos avaient été mal interprétés et qu'une réduction et une élimination progressives des combustibles fossiles étaient "inévitables" et "essentielles".
Selon le rapport annuel, le nombre d'employés et de représentants du secteur des énergies fossiles présents aux sommets de la COP a augmenté au fil des ans. Les participants liés aux entreprises de combustibles fossiles ont assisté au moins 7 200 fois aux sommets de la COP au cours des deux dernières décennies, selon un rapport de KBPO publié en novembre.
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Source: edition.cnn.com
