L'Europe ne donne pas à l'Ukraine la cohérence dont elle a besoin en ce moment
Mais les célébrations à Kiev ont été tempérées lorsque, quelques heures plus tard, l'UE a déclaré qu'elle n'était pas parvenue à un accord sur l'envoi d'une nouvelle tranche de financement de 55 milliards de dollars à l'Ukraine.
C'est bien plus qu'une mouche dans l'engrenage pour l'Ukraine. Elle survient après des mois de craintes, parmi les responsables ukrainiens et européens, que l'Occident - si uni dans sa force pour l'Ukraine depuis février 2022 - se soit finalement lassé des discussions interminables sur l'aide à l'Ukraine.
Les moments individuels sont importants en diplomatie, bien sûr. Les moments symboliques ont un sens et la décision d'entamer des négociations d'adhésion avec l'Ukraine aura envoyé un message au Kremlin. Mais le contexte dans lequel s'inscrit un moment individuel a souvent plus d'importance.
Ces derniers mois, en particulier depuis que le conflit entre Israël et le Hamas a détourné l'attention de l'Ukraine, le sentiment de lassitude générale de l'Occident à l'égard de l'Ukraine s'est fait sentir de manière plus aiguë chez les fonctionnaires. Les querelles autour de l'argent aux États-Unis se sont mêlées aux différends en Europe, créant ainsi une image globale de lassitude de l'Occident.
C'est dans ce contexte que les annonces de l'UE de jeudi doivent être considérées.
Certes, l'adhésion à l'Union est une priorité essentielle, mais les procédures compliquées de l'UE signifient que cela pourrait encore prendre plus d'une décennie et que la guerre doit être terminée, d'une manière ou d'une autre. Cela signifie que l'Ukraine en temps de guerre ne bénéficiera jamais réellement de l'adhésion à l'UE, quel que soit le résultat de la prochaine décennie.
Compte tenu des difficultés rencontrées pour parvenir à l'accord de jeudi, il est important de rappeler que, tout au long du processus d'adhésion, les États membres auront de nombreuses occasions de s'opposer à l'adhésion, notamment la Hongrie. Tout pays qui est actuellement un bénéficiaire net des fonds de l'UE sera moins bien loti si l'Ukraine rejoint le bloc, tandis que les contributeurs nets verront leur cotisation à l'UE augmenter. L'Europe soutient l'Ukraine, certes, mais l'argent parle à l'UE.
L'incapacité de l'UE à parvenir à un accord sur le financement constitue sans doute le problème le plus immédiat pour l'Ukraine car, franchement, Kiev a besoin d'argent pour continuer à mener cette guerre.
Mais les annonces concernant l'argent et l'adhésion révèlent le plus grand problème politique de l'Ukraine en Europe : la cohérence.
Depuis un certain temps, des fonctionnaires de toute l'Europe informent quiconque veut bien les écouter que la cohérence est en fin de compte la chose la plus importante pour l'Ukraine à l'heure actuelle. D'un point de vue purement pratique, l'Ukraine doit savoir quand et combien d'argent elle recevra.
Sur le plan politique, l'Ukraine doit savoir exactement quelle est la solidité du soutien de ses principaux alliés et où se trouvent les maillons faibles. Le fait de repousser le plan de soutien financier à l'année prochaine ne signifie pas que les récalcitrants changeront soudainement d'avis. Il est plus probable qu'ils trouveront d'autres raisons de faire de la politique.
L'incohérence des alliés au cours des derniers mois a eu un impact négatif sur l'Ukraine. Dans le monde à somme nulle de la géopolitique, cela équivaut à peu près à un mal pour l'Ukraine, et donc à un bien pour la Russie.
Les diplomates et les fonctionnaires insistent sur le fait que la situation n'est pas irrémédiable. Mais il faut faire preuve de cohérence dans tous les domaines, de la rhétorique à l'action. Selon les responsables, les aspects positifs de la soirée de jeudi ont été largement compensés par les aspects négatifs de l'incohérence de l'Europe.
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Source: edition.cnn.com
