Le ministre britannique de l'immigration démissionne en raison de la législation controversée sur l'asile au Rwanda, affirmant qu'elle "ne va pas assez loin".
Le projet malheureux du gouvernement d'envoyer certains demandeurs d'asile en attente d'une décision sur leur demande au Rwanda a fait l'objet d'une contestation juridique approfondie depuis son annonce en avril 2022.
Trois ministres de l'intérieur successifs ont tenté de faire passer cette politique à la trappe, et les efforts se poursuivent bien que la Cour suprême du Royaume-Uni ait déclaré le plan illégal dans un jugement rendu en novembre.
Dans le dernier coup porté au programme, M. Jenrick, qui travaille au sein du ministère de l'intérieur, a déclaré qu'il ne serait pas en mesure d'accompagner ce dernier projet de loi dans le processus législatif, car il ne pense pas qu'il aille "assez loin" pour garantir le succès de la politique.
"Les enjeux pour le pays sont trop importants pour que nous ne recherchions pas les protections plus fortes nécessaires pour mettre fin au manège de contestations juridiques qui risquent de paralyser le système et d'annuler l'effet dissuasif recherché", a déclaré M. Jenrick dans sa lettre de démission.
M. Jenrick avait précédemment promis publiquement de faire "tout ce qui est nécessaire" pour lutter contre l'immigration clandestine au Royaume-Uni, même si cela impliquait de se retirer de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH).
Un groupe de législateurs intransigeants au sein du parti conservateur de Rishi Sunak, dont l'ancienne ministre de l'intérieur Suella Braverman, ont tous fait pression pour que le Royaume-Uni quitte le traité sur les droits de l'homme, le citant comme un obstacle à la politique rwandaise.
Le projet de loi dévoilé par le gouvernement mercredi ne retire pas le Royaume-Uni du traité, mais comporte une mise en garde essentielle. Sur la première page du projet de loi, le ministre britannique de l'intérieur, James Cleverley, a déclaré qu'il ne pouvait pas garantir que la législation était "compatible avec les droits de la Convention".
Le projet de loi désapprouve également certaines sections de la loi britannique sur les droits de l'homme, un texte législatif de base qui a incorporé les droits énoncés dans la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) dans le droit national britannique. Une autre clause stipule que le projet de loi est souverain et que sa validité n'est pas affectée par les principaux instruments du droit international, notamment la CEDH et la Convention sur les réfugiés.
La législation a été vivement critiquée par le parti travailliste britannique, qui a souligné qu'il s'agissait du troisième projet de loi que le gouvernement présentait au parlement. La ministre de l'intérieur de l'opposition, Yvette Cooper, a décrit le gouvernement comme étant dans un "chaos total", affirmant qu'il devrait plutôt se concentrer sur la poursuite des gangs criminels qui font entrer clandestinement des personnes au Royaume-Uni.
Des experts juridiques tels que Mark Elliot, professeur de droit public à l'université de Cambridge, ont également critiqué le projet de loi. Dans un billet de blog, M. Elliot a qualifié le projet de loi d'"hypocrite", affirmant qu'il "présuppose" que le Rwanda respecte ses obligations en vertu du droit international de traiter les demandeurs d'asile avec humanité, tout en permettant au Royaume-Uni de "violer ses propres obligations" en vertu du droit international.
Le gouvernement a également reçu mercredi un avertissement du gouvernement rwandais, qui a menacé de se retirer de l'accord si le Royaume-Uni n'adhérait pas au droit international, selon l'agence de presse nationale britannique, PA Media.
Le ministre rwandais des affaires étrangères, Vincent Biruta, a souligné dans une déclaration que "sans un comportement légal de la part du Royaume-Uni, le Rwanda ne serait pas en mesure de poursuivre le partenariat pour la migration et le développement économique".
La prochaine étape du parcours du projet de loi verra les législateurs britanniques débattre de ses mérites au Parlement, lors de ce que l'on appelle la "deuxième lecture".
Lire aussi:
- Ce qui change en décembre
- Des activistes allemands s'expriment à Dubaï sur les souffrances en Israël et dans la bande de Gaza
- Fusion nucléaire - engouement ou solution aux problèmes énergétiques ?
- Le chaos hivernal paralyse certaines parties du sud de l'Allemagne - Trafic aérien et ferroviaire interrompu
Source: edition.cnn.com