Le "Greenliner" d'Etihad laisse entrevoir un avenir plus durable pour l'aviation
Les vols faisaient partie d'un programme appelé "Greenliner", géré par Etihad Airways, le transporteur national des Émirats arabes unis, en tant que banc d'essai pour des solutions durables en matière de transport aérien.
L'aviation commerciale représentait un peu plus de 2 % des émissions mondiales de CO2 en 2021, ce qui laisse supposer qu'elle contribue modestement au changement climatique. Mais ce chiffre ne dit pas tout, car le transport aérien affecte le climat de manière plus complexe que les seules émissions de carbone, et son impact devrait s'accroître à l'avenir, car de plus en plus de gens voudront prendre l'avion.
Alors que les énergies renouvelables et les véhicules électriques offrent des voies claires pour décarboniser des secteurs comme l'électricité et le transport routier, c'est moins évident pour l'industrie aéronautique.
En conséquence, l'industrie n'est pas en mesure d'atteindre son objectif de zéro émission nette d'ici à 2050, et elle mise sur le fait que les deux tiers de cette transition proviendront du carburant aviation durable (SAF). Ce carburant est fabriqué à partir de déchets et peut réduire les émissions de 80 % en moyenne, mais il ne représente actuellement que 1 % de l'utilisation mondiale de carburéacteur. Il faut que les choses changent, et vite.
C'est pourquoi le SAF est l'un des éléments clés du programme "Greenliner". "Il s'agit essentiellement d'un appel à l'action", explique Mariam AlQubaisi, responsable du développement durable chez Etihad. "L'idée est née fin 2019 pour lancer un message à l'industrie : essayons tout ce qui est possible pour décarboniser." Le programme s'articule autour du Boeing 787 Dreamliner, mais Etihad a une initiative similaire, appelée Sustainable50, dédiée à l'Airbus A350. Depuis son lancement, Greenliner a encouragé l'adoption de SAF et s'est attaqué à des problèmes tels que les déchets plastiques et les itinéraires de vol inefficaces.
Le surnom "Greenliner" est souvent utilisé pour désigner un avion 787 spécifique, qu'AlQubaisi appelle la "mascotte" du programme. Sans surprise, il est peint en vert, ce qui, selon elle, permet d'éviter les accusations d'écoblanchiment.
"Tout projet lancé par une compagnie aérienne sera toujours examiné sous l'angle de l'écoblanchiment", explique-t-elle. "Peindre l'avion en vert était une façon de s'opposer à ces accusations et de dire que l'avion est dédié à un objectif. Nous assumons nos émissions : Nous disons oui, nous sommes un gros émetteur, mais nous faisons quelque chose pour y remédier".
Une solution rapide
Etihad a transporté les délégués à Sharm El Sheik en Égypte, où s'est tenue la COP27, en ajoutant une escale à son service régulier Washington Dulles-Abu Dhabi. Le vol a été décrit comme étant "sans émissions", car il était entièrement alimenté par le SAF, mais les avions ont en fait utilisé du kérosène traditionnel, ce qui prête à confusion.
Cette apparente absurdité met en lumière les difficultés liées à l'infrastructure des SAF et à la communication sur les initiatives écologiques. L'avion n'avait pas de SAF à bord parce que la réglementation actuelle interdit aux vols commerciaux d'utiliser plus de 50 % de SAF, les moteurs n'étant pas tous certifiés pour des concentrations plus élevées. De plus, tous les aéroports ne disposent pas de l'infrastructure nécessaire pour l'utiliser, et le carburant vert doit provenir d'une installation de production relativement proche de l'aéroport pour éviter que la réduction des émissions en vol ne soit annulée par celles provenant du transport.
Etihad a donc acheté suffisamment de SAF pour alimenter le vol et a livré le carburant à l'aéroport international de Los Angeles, qui dispose de l'infrastructure et des installations nécessaires. Là, les FAS ont été intégrées au système de ravitaillement de l'aéroport avec du carburant traditionnel, et utilisées par les avions qui faisaient le plein ce jour-là. Ce système, appelé "Book & Claim", est actuellement le seul moyen pour un vol de déclarer qu'il utilise 100 % de SAF. Les émissions sont simplement compensées ailleurs, plutôt que sur un vol spécifique.
M. AlQubaisi estime qu'il s'agit d'une "solution rapide" jusqu'à ce que les réglementations changent, mais pour que les SAF se généralisent, d'autres progrès sont nécessaires. "Le prix du SAF est quatre à cinq fois supérieur à celui du kérosène conventionnel et l'offre est limitée. Seuls deux organismes sont autorisés à le certifier. Tant qu'il n'y en aura pas davantage et que les gouvernements n'interviendront pas pour encourager la production, les SAF resteront limités", explique-t-elle.
Etihad a largement utilisé le SAF dans une série d'"EcoFlights", qui utilisent les 787 et A350 de la compagnie pour évaluer de nouvelles initiatives en matière de développement durable. Ces vols ont abouti au vol le plus respectueux de l'environnement jamais réalisé par la compagnie, un vol entre Londres Heathrow et Abu Dhabi le 23 octobre 2021. Selon Etihad, ce vol a permis une réduction globale de 72 % des émissions en utilisant 38 % de SAF (via "Book & Claim") et a adopté une série d'autres mesures, telles que la réduction de 80 % des plastiques à usage unique et la livraison des bagages par des tracteurs électriques.
Ce vol a également été le premier vol commercial à tester une nouvelle méthode de lutte contre les émissions, en utilisant la navigation et l'intelligence artificielle pour éviter la formation de traînées de condensation. Ces traînées de vapeur se forment lorsque des cristaux de glace s'agglomèrent autour des gaz d'échappement émis par les moteurs d'avion. Elles forment des nuages temporaires qui emprisonnent la chaleur, contribuant ainsi de manière significative à l'effet de réchauffement du transport aérien. La modification de l'itinéraire ou de l'altitude de l'avion peut toutefois s'avérer très utile. "Le réchauffement que vous évitez en ajoutant simplement un peu plus de temps au voyage peut atteindre 60 %, si ce n'est plus", explique M. AlQubaisi. "Ce qui est bien, c'est que cela se fait grâce à des algorithmes spécifiques qui rendent le système de plus en plus intelligent au fur et à mesure que nous l'utilisons.
Un avenir plus vert ?
Les "EcoFlights" d'Etihad ont testé une série de technologies et de techniques visant à réduire les émissions, telles qu'une montée optimisée et une descente continue, un démarrage du moteur à la dernière minute, des procédures de roulage utilisant un seul moteur, et le lavage du moteur avec une mousse spéciale qui améliore l'efficacité en réduisant l'accumulation de dépôts.
Bon nombre de ces techniques ont depuis été intégrées dans les opérations quotidiennes et, en reconnaissance de ces efforts, Etihad a été nommée "compagnie aérienne environnementale de l'année 2022" lors de la remise annuelle des prix Airline Ratings. Selon Geoffrey Thomas, rédacteur en chef d'Airline Ratings, Etihad a fait preuve d'un "leadership clair dans la promotion des vols durables".
Il reste encore beaucoup à faire, selon M. AlQubaisi : "Il s'agit d'une industrie qui a eu le champ libre en matière de pollution pendant de nombreuses années et il est grand temps que nous assumions notre responsabilité en matière de décarbonisation."
La clé d'une aviation plus verte est que tout le monde s'y mette, ajoute-t-elle : "J'espère que d'autres compagnies aériennes rejoindront le programme Greeliner, car peu importe qui le fait en premier - ce qui compte, c'est qui le fait mieux.
"Nous pouvons faire mieux ensemble, car le développement durable n'est pas un domaine de compétition, mais de collaboration.
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Source: edition.cnn.com