L'approbation par le pape de la bénédiction des couples de même sexe marque un tournant historique pour les catholiques homosexuels
Au cours de la dernière décennie, le pape a modifié le ton et l'approche de l'Église à l'égard des homosexuels, refusant d'adopter une position de jugement, ce que les institutions et les dirigeants de l'Église avaient souvent été accusés de faire dans le passé.
Sa décision d'autoriser la bénédiction des couples de même sexe est l'évolution la plus importante de son pontificat en ce qui concerne l'ouverture aux catholiques homosexuels, et fait suite à des évolutions antérieures plus progressives. La dernière décision de François sera accueillie favorablement par de nombreuses personnes qui réclament depuis longtemps une réforme dans ce domaine, mais il est probable qu'elle se heurte également à la résistance de certaines parties de l'Église profondément opposées à sa vision.
Selon l'Église catholique, les relations sexuelles ne sont autorisées qu'entre un homme et une femme mariés. L' enseignement officiel de l'Église décrit l'homosexualité comme "intrinsèquement désordonnée " - une formulation que certains catholiques réformateurs souhaitent voir modifiée - mais aussi que les homosexuels doivent être traités avec "respect, compassion et sensibilité" et que toute "discrimination injuste" doit être évitée.
François, sans changer formellement la doctrine, a cherché à plusieurs reprises à mettre l'accent sur ce dernier point. Il a dit à un clerc homosexuel ayant survécu à des abus sexuels que "Dieu t'a fait ainsi. Il a déclaré que les personnes LGBTQ+ étaient des "enfants de Dieu" et a récemment invité un groupe de femmes transgenres à déjeuner au Vatican. Il a également fait l'éloge de ceux qui s'occupent des catholiques homosexuels, qui se sont souvent heurtés à l'opposition de l'Église.
Mais l'approche du pape va au-delà des mots et des gestes et comprend des changements plus substantiels dans les positions de l'Église. Le souverain pontife, âgé de 87 ans, a apporté son soutien à la reconnaissance juridique des couples de même sexe, ce à quoi le Vatican s'est opposé par le passé, et s'est prononcé contre la criminalisation de l'homosexualité avant et après un voyage en Afrique.
Sa dernière décision sur les bénédictions ne modifie pas l'opposition catholique au mariage homosexuel, mais elle marque un nouveau moment dans l'action de l'Église en faveur des homosexuels. Pour François, il s'agit de trouver un équilibre entre une doctrine établie de longue date et la traduction de cet enseignement dans les réalités quotidiennes de la vie des gens. Des évolutions de la doctrine sont également possibles, et le pape insiste sur le fait que l'Église ne doit pas devenir rigide ou porter des jugements, mais accueillir tout le monde.
"Il ne faut pas empêcher ou interdire à l'Église d'être proche des gens dans toutes les situations où ils peuvent demander l'aide de Dieu par une simple bénédiction", peut-on lire dans la dernière décision. "La grâce de Dieu agit dans la vie de ceux qui ne prétendent pas être des justes mais qui se reconnaissent humblement comme des pécheurs, comme tout le monde".
Presque toutes les confessions chrétiennes ont connu de profonds désaccords sur les bénédictions et les mariages de couples de même sexe. La déclaration du Vatican est intervenue un jour après que l'Église d'Angleterre, après des années de débat, a commencé à offrir des bénédictions aux couples de même sexe dans les églises, bien qu'elle ne bénisse pas les mariages homosexuels.
L'Église catholique est considérée comme la confession la moins susceptible de changer de position et son règlement sur les bénédictions stipule que celles-ci doivent être effectuées de manière informelle et non dans le cadre de services religieux.
Néanmoins, la pression s'est accrue pour que l'Église catholique envisage de bénir les unions homosexuelles et, en Allemagne, plusieurs prêtres ont déjà commencé à organiser des cérémonies de bénédiction de couples homosexuels.
L'évêque Georg Bätzing, chef de la conférence épiscopale allemande, s'est félicité de cette nouvelle décision. "Il est bon que ce trésor pour la diversité des modes de vie soit maintenant déterré", a-t-il déclaré. "La pratique de l'Église reconnaît une variété de formes de bénédiction". Le cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago et allié de François au sein de l'Église américaine, a qualifié cette décision de "pas en avant".
Mais il est également probable qu'il y ait des réactions négatives importantes. L'évêque Joseph Strikland, que François a récemment démis de ses fonctions à la tête du diocèse de Tyler, au Texas, a déjà exhorté les évêques à dire "non" au pape. La décision n'ordonne pas au clergé d'offrir des bénédictions, et il est possible que certains refusent les demandes.
D'un autre côté, il est peu probable que le pape soit perturbé par l'opposition et il n'hésitera pas à aborder les sujets brûlants.
Lors d'une récente réunion de l'Église au Vatican, un synode, le pape a évité d'utiliser le terme "LGBTQ" pour désigner les catholiques, après un débat interne animé sur le sujet. Le synode a également admis que l'enseignement de l'Église sur la sexualité et l'identité n'avait pas suffisamment tenu compte de l'expérience humaine et des sciences, déclarant qu'il fallait "une plus grande précision et une étude plus approfondie".
L'implication est que si cela se produit, cela pourrait conduire à une reconfiguration de l'enseignement catholique sur la sexualité, y compris l'homosexualité. François n'a pas emprunté cette voie, mais l'ouverture pastorale dont il a fait preuve à l'égard des homosexuels jette les bases de réformes encore plus importantes à l'avenir.
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Source: edition.cnn.com