Une chercheuse sur les partis politiques doute du financement de l'alliance Wagenknecht
Au début de l'année prochaine, l'alliance Sahra Wagenknecht veut passer du statut d'association à celui de parti. Selon les déclarations du trésorier, près d'un million d'euros de dons ont été collectés jusqu'à présent. Il y a cependant des doutes sur la légalité de l'intégration des fonds collectés dans le patrimoine du parti.
Un peu plus d'un mois après sa création, l'alliance Sahra Wagenknecht (BSW) a récolté un million d'euros de dons. C'est ce que rapporte le "Süddeutsche Zeitung" (SZ). "Nous allons atteindre ces jours-ci une somme à sept chiffres", a déclaré le trésorier de BSW Ralph Suikat au journal. On est satisfait, "mais nous avons aussi encore un long chemin à parcourir". Selon Suikat, les grands partis dépensent des dizaines de millions lors des campagnes électorales. Lors de la conférence de presse au cours de laquelle elle a annoncé la scission du Parti de Gauche, Wagenknecht avait déclaré que le parti prévu avait l'intention de se présenter l'année prochaine aux élections européennes et aux élections régionales en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg.
Mais avant cela, le parti doit d'abord être fondé. Selon les informations de la MDR, cela devrait se faire début janvier, le congrès fondateur étant prévu pour la fin du mois à Berlin. Jusqu'à présent, il n'existe qu'une association appelée "Bündnis Sahra Wagenknecht - für Vernunft und Gerechtigkeit e.V.". C'est par le biais de cette association qu'ont été reçus les dons qui seront ensuite transférés dans le patrimoine du parti. Le BSW estime que cette procédure ne pose pas de problème juridique. Mais il y a aussi des spécialistes qui voient les choses autrement.
Une association comme homme de paille pour un parti ?
Sophie Schönberger, juriste et chercheuse sur les partis politiques à l'université Heinrich Heine de Düsseldorf, souligne les différences entre le droit des associations et celui des partis. Comparé aux directives pour les partis, les associations en Allemagne sont soumises à des règles beaucoup moins strictes en ce qui concerne la transparence du financement. Les associations peuvent par exemple recevoir des dons de l'étranger, ce qui n'est pas le cas des partis, a-t-elle souligné dans le SZ. De son point de vue, Wagenknecht et ses compagnons d'armes se placent au moins dans une zone grise juridique s'ils transfèrent les dons collectés par l'association au parti.
"Je dirais qu'il y a beaucoup d'arguments pour dire que c'est illégal et qu'il faudrait le sanctionner", explique la chercheuse, qui parle de "don de l'homme de paille". "Avec cette construction associative, ils contournent au fond tout ce qui fait un parti en Allemagne". L'action est déjà "extrêmement paresseuse". Suikat a en revanche assuré que le BSW n'acceptait pas de dons en provenance de l'UE. L'association est déjà gérée comme si elle était soumise au droit des partis, afin de ne pas se rendre juridiquement attaquable, a-t-il déclaré au "Süddeutsche Zeitung".
C'est l'administration du Bundestag qui décidera au final si cette démarche est couronnée de succès, car elle doit vérifier si la création du parti s'est déroulée dans les règles. "Si l'administration du Bundestag arrivait vraiment à la conclusion que c'est illégal, le parti serait financièrement en faillite avant même que cela n'ait commencé", explique Schönberger, qui a été nommée par le Bundestag en tant qu'experte pour évaluer la nouvelle loi électorale. En effet, le parti devrait alors payer une amende qui serait trois fois plus élevée que la somme transférée par l'association au parti.
Source: www.ntv.de