Sanchez a négocié une majorité controversée
Le chef du gouvernement espagnol Sanchez est sur le point de briguer un nouveau mandat. Mais le prix à payer est élevé et les conséquences pour le pays ne sont pas encore prévisibles. Pour obtenir une majorité, l'homme de 51 ans a dû s'entendre avec les séparatistes - et gracier l'une de leurs figures de proue, Puigdemont, qui vit en exil.
En Espagne, quatre semaines après les élections législatives, la voie est libre pour la formation d'un nouveau gouvernement avec l'aide des séparatistes catalans. Le Premier ministre par intérim Pedro Sanchez peut compter sur les voix du parti nationaliste basque PNV, comme celui-ci l'a déclaré. L'homme de 51 ans dispose ainsi d'une majorité au Parlement, qui compte 350 députés. La formation du gouvernement est attendue dans les prochains jours. Auparavant, le leader de l'opposition conservatrice Alberto Núñez Feijóo avait échoué dans son projet d'alliance gouvernementale entre son Partido Popular (PP) et le parti populiste de droite Vox.
La veille, le PSOE socialiste de Sanchez s'était mis d'accord sur une collaboration avec le parti catalan Junts, en échange de l'annonce d'une amnistie pour quelque 1400 séparatistes condamnés. L'ancien chef du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, bénéficierait également d'une remise de peine. Le politicien des Junts, qui vit en exil en Belgique, a déclaré qu'il allait discuter avec les socialistes d'un nouveau référendum sur l'indépendance de la Catalogne.
Une amnistie très controversée dans le pays
Début novembre, le PSOE avait déjà convenu d'une collaboration avec le parti séparatiste catalan ERC. Les observateurs craignent qu'une nouvelle phase d'instabilité politique ne s'annonce en Espagne. Sanchez a formé une coalition avec le parti de gauche Sumar. Il a toutefois besoin du soutien d'autres petits partis pour être confirmé au poste de chef de gouvernement. Sanchez est Premier ministre depuis 2018 et dirige un gouvernement minoritaire depuis 2020.
L'amnistie prévue est très controversée dans le pays et au sein de l'UE. Dans un sondage réalisé en septembre, environ 70 % des personnes interrogées s'y sont opposées - dont 59 % de partisans des socialistes. En outre, l'organe de contrôle suprême de la justice espagnole, le Consejo General del Poder Judicial, a exprimé des réserves massives quant au projet. Le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, défend également cette ligne et l'a déjà fait savoir au gouvernement de Madrid.
Puigdemont est au centre des critiques. Il avait déclaré l'indépendance de la Catalogne en 2017 après un référendum controversé. Le gouvernement central l'avait alors accusé de rébellion et de détournement de fonds publics. La Cour constitutionnelle a considéré qu'il s'agissait d'une violation de la Constitution. Le gouvernement régional catalan a été destitué par le gouvernement central et Puigdemont a fait l'objet d'un avis de recherche. Il s'est ensuite enfui à l'étranger.
Source: www.ntv.de