Pistorius fait de "l'aptitude à la guerre" un principe d'action
Avec l'"attaque brutale" de la Russie contre l'Ukraine, la guerre est "revenue en Europe", déclare le ministre de la Défense Pistorius - et présente ses directives en matière de politique de défense. Avec celles-ci, il veut rendre la Bundeswehr "apte à la guerre" - et en faire l'épine dorsale de la dissuasion.
Dans le contexte de l'attaque russe contre l'Ukraine, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a édicté de nouvelles directives de politique de défense pour une armée fédérale "apte à la guerre". L'Allemagne doit être "la colonne vertébrale de la dissuasion et de la défense collective en Europe", a déclaré Pistorius à Berlin. Avec l'inspecteur général Carsten Breuer, il a souligné que les "partenaires en Europe, en Amérique du Nord et dans le monde" de l'Allemagne attendaient "que nous assumions cette responsabilité".
Les dernières directives en matière de politique de défense ont été édictées en 2011. Dans la nouvelle édition publiée, il est dit que la Bundeswehr doit devenir "apte à la guerre dans tous les domaines" - un terme qui avait récemment suscité des critiques de la part de Pistorius. Les prescriptions des nouvelles directives sont désormais traduites en un nouveau profil de capacités pour la troupe et en une stratégie militaire.
"Sans un changement intérieur fondamental, la Fédération de Russie restera durablement la plus grande menace pour la paix et la sécurité dans l'espace euro-atlantique", peut-on lire dans les directives. Avec "l'attaque brutale" du président russe Vladimir Poutine contre l'Ukraine, la guerre est "revenue en Europe", a souligné Pistorius. En raison du changement d'époque qu'elle a provoqué, l'Allemagne doit désormais "devenir adulte en matière de politique de sécurité". Les nouvelles directives en matière de politique de défense constituent la "ligne directrice pour le changement de mentalité nécessaire et profond dans l'ensemble de la politique de sécurité". L'Allemagne doit être capable de se défendre et d'être résiliente, c'est-à-dire stable en tant que société et État face aux attaques et aux actions perturbatrices, poursuit le texte.
Priorité à la défense du pays et de l'alliance
L'objectif doit désormais être de recentrer la Bundeswehr, négligée pendant des décennies, sur sa mission principale de défense du territoire et des alliances, écrivent Pistorius et Breuer dans l'avant-propos des nouvelles directives. Cette mission doit désormais être "déterminante pour la structure" de l'armée. Toutes les autres tâches sont "subordonnées" à cette mission principale, peut-on lire dans les directives.
Néanmoins, la Bundeswehr doit continuer à être en mesure d'intervenir dans des crises internationales. Pistorius et Breuer font référence à l'attaque du Hamas contre Israël, en plus des missions menées jusqu'à présent dans les Balkans occidentaux et dans la région du Sahel en Afrique. Les directives précisent à ce sujet que le droit à l'existence d'Israël revêt une "importance particulière" dans le cadre de l'engagement international pour la stabilité et la paix régionales.
Afin de gérer le changement d'époque, un "plafond en constante augmentation d'au moins deux pour cent" de la performance économique est nécessaire pour les dépenses de défense, peut-on encore lire dans les directives. Le financement durable et complet de la Bundeswehr est une "condition indispensable" pour la crédibilité de l'Allemagne dans la mise en œuvre du changement d'époque.
L'objectif est un "équipement complet rapide".
"Notre objectif le plus urgent est d'obtenir rapidement un équipement complet afin de faire de la Bundeswehr l'une des forces armées les plus performantes d'Europe", indique la directive comme maxime pour l'équipement de la troupe. Les décideurs dans l'administration, l'armée et les autorités devraient également utiliser les marges de manœuvre pour la Bundeswehr. Lors de l'attribution de contrats, il faut "appliquer systématiquement les clauses d'exception existantes et exploiter les possibilités offertes par le droit des marchés publics pour accélérer la procédure". En raison du gain de temps, l'achat d'armes et d'équipements militaires devrait être "systématiquement orienté vers des acquisitions disponibles sur le marché". Ce n'est qu'à titre complémentaire qu'il devrait y avoir des "projets de développement, notamment dans le domaine des technologies clés nationales".
En ce qui concerne la stratégie de défense, il est dit que la Bundeswehr doit, dans le cadre de la défense du pays et de l'alliance, "s'orienter vers un combat contre un adversaire au moins de même niveau" et être "capable de tenir le coup" lors d'un combat de haute intensité. "Nous ne voulons pas seulement gagner ce combat, nous le devons. C'est ce qui donne le rythme".
Même si "l'accent est mis sur la sécurité devant la Fédération de Russie", l'Allemagne est confrontée à une multitude de défis en matière de politique de sécurité, soulignent les planificateurs du ministère de la Défense. Outre la situation en Afrique, au Proche-Orient, dans l'Indo-Pacifique et dans l'Arctique, la Chine est expressément citée. Celle-ci tente de "remodeler l'ordre international basé sur des règles selon ses propres idées" et revendique "de plus en plus offensivement une suprématie régionale".
Les directives ne contiennent pas d'indications sur les effectifs futurs de la Bundeswehr. Pistorius fait actuellement encore vérifier si l'objectif de 203.000 soldats fixé avant son mandat sera maintenu. Les directives soulignent toutefois la nécessité d'une "réserve bien formée" qui doit fournir des renforts en cas de défense du pays et de l'alliance.
Source: www.ntv.de