Les débats de la conférence sur le climat portent sur ce point
Plus de 70.000 participants sont attendus à la conférence des Nations unies sur le climat à Dubaï. Les organisateurs se disent convaincus que ce méga-événement sera un succès. Mais la menace d'un conflit important plane.
Lors de la conférence mondiale sur le climat qui débute ce jeudi à Dubaï, les contradictions s'affrontent. D'un côté, les nouveaux records de température mondiale de cette année ne sont pas les seuls à montrer que la lutte contre la crise climatique devient de plus en plus urgente. D'autre part, la communauté mondiale est actuellement détournée de cette tâche par des conflits comme la guerre à Gaza et la guerre en Ukraine.
Du point de vue des défenseurs du climat, des scientifiques et de certains États, il faudrait maintenant enfin mettre en place une sortie mondiale des énergies fossiles. Mais le lobby des énergies fossiles n'a sans doute jamais été aussi bien représenté à Dubaï. Pendant ce temps, les Émirats arabes unis veulent organiser la conférence climatique de l'ONU la plus "inclusive" qui soit. Pourtant, il n'existe pas de société civile indépendante dans ce pays du Golfe.
Plus de 70.000 participants ont été accrédités pour la 28e conférence climatique de l'ONU, ou COP28. Près de 140 chefs d'État et de gouvernement, dont le chancelier allemand Olaf Scholz, présenteront personnellement leurs positions en matière de politique climatique au début de la conférence de deux semaines, vendredi et samedi.
Le stockage du CO2 sera au centre des débats
Martin Kaiser, directeur de Greenpeace Allemagne, est sceptique quant à la capacité de Scholz et de ses ministres à donner des impulsions importantes à Dubaï. Après tout, le gouvernement fédéral est "maintenant complètement distrait" par la crise budgétaire qui sévit chez lui.
La conférence de Dubaï est présidée par le sultan Ahmed al-Djaber, qui est à la fois ministre de la technologie et envoyé pour le climat de son pays et chef du groupe pétrolier public Adnoc. Cela a suscité de nombreuses critiques au préalable. En même temps, il y a un vague espoir qu'Al-Djaber puisse entraîner d'autres exportateurs de pétrole et de gaz dans un accord de sortie ou du moins de réduction significative de l'utilisation des énergies fossiles.
Al-Jaber a déjà clairement indiqué qu'il souhaitait que le développement des énergies renouvelables soit triplé et que l'efficacité énergétique soit doublée d'ici 2030. Le rôle que doivent jouer les technologies de captage et de stockage du CO2, qui ne sont pas encore au point, est très controversé.
Le conflit au Proche-Orient a une influence sur le mouvement climatique
Kaiser, membre du conseil d'administration de Greenpeace, souligne que "nous fonçons si vite vers le gouffre de la crise climatique" qu'il ne doit y avoir ni excuses ni feuilles de vigne. Le développement des énergies renouvelables et l'abandon des énergies fossiles doivent se faire "en même temps" et non l'un après l'autre.
Les Emirats veulent un succès exemplaire à la COP. La monarchie du Golfe est "très intéressée par un écho médiatique positif", explique David Ryfisch, expert climatique de Germanwatch. Les polarisations devraient donc être maintenues "aussi faibles que possible" lors de la conférence sur le climat.
Dans une interview ce week-end, al-Jaber a assuré qu'il était "confiant dans le fait que la COP28 sera la plateforme multilatérale" pour apporter de bonnes nouvelles au monde.
La présidence de la COP devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour que la guerre entre l'organisation terroriste Hamas et Israël, qui polarise le monde entier, ne nuise pas aux négociations internationales sur le climat. Il n'est pas certain qu'elle y parvienne, car les lignes de conflit liées à la guerre de Gaza ne traversent pas seulement les États, mais aussi le mouvement international de protection du climat.
Le réchauffement climatique se dirige vers au moins 2,5 degrés d'ici 2100
Les négociations sur le climat exigent toutefois une concentration totale. D'une part, le Global Stocktake doit être achevé à Dubaï - un inventaire global de la situation actuelle de la communauté mondiale dans la mise en œuvre de l'accord de Paris sur le climat.
Le rapport Emisions-Gap du Programme des Nations unies pour l'environnement a montré la semaine dernière à quel point elle est à la traîne. Au lieu de se rapprocher des deux degrés fixés par l'accord de Paris, et si possible de 1,5 degré, la Terre se dirige actuellement vers un réchauffement de 2,5 degrés d'ici 2100, et ce même si toutes les promesses internationales en matière de protection climatique sont tenues. Un réchauffement de la Terre d'environ trois degrés semble plus réaliste.
Le réchauffement observé jusqu'à présent a déjà des conséquences désastreuses. Dans le monde entier, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les fortes pluies sont de plus en plus violents et fréquents, et de nouveaux records de température ont été enregistrés en 2023.
Une dispute permanente sur l'argent lors de la conférence sur le climat
Pour les dommages climatiques déjà survenus, il a été convenu lors de la COP27, après des années de querelles, de créer un fonds dit "Loss and Damage". Les participants à la COP28 doivent maintenant l'aménager et l'alimenter.
Une entreprise difficile compte tenu de la controverse permanente sur la question de savoir si seuls les pays industrialisés traditionnels comme l'Allemagne sont redevables ou si les grands émetteurs de gaz à effet de serre prospères comme la Chine ou l'Arabie saoudite le sont également.
Pour l'expert de Germanwatch Ryfisch, la communauté mondiale devrait surmonter toutes ces résistances à Dubaï, dans son propre intérêt, afin que la Terre reste un lieu où il fait bon vivre : "Nous avons besoin d'un signal fort montrant que ni le lobbying ni les conflits armés ne peuvent freiner la protection du climat".
Source: www.ntv.de