Le Tribunal pénal mondial veut enquêter sur toutes les parties à Gaza

La Cour pénale internationale de La Haye qualifie les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre de crimes "choquant la conscience de l'humanité". Mais le droit doit également s'appliquer sur toutes les lignes de front, déclare son procureur en chef, M. Khan. En même temps, l'UNICEF fait de graves reproches à Israël.

Le procureur en chef de la Cour pénale internationale, Karim Khan, s'engage à mener des enquêtes sur d'éventuels crimes de guerre sur tous les fronts de la guerre de Gaza. "Nous devons montrer que le droit règne sur toutes les lignes de front et qu'il est capable de protéger tout le monde", peut-on lire dans une déclaration diffusée par le Tribunal pénal mondial à La Haye. Khan s'était rendu en Israël et dans les territoires palestiniens ces derniers jours. Il s'agissait de sa première visite officielle en tant que procureur en chef. Il avait été invité par les familles et les amis des victimes des attaques du Hamas du 7 octobre. Samedi, Khan avait rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah.

Bien qu'Israël ne soit pas un Etat partie au Tribunal, Khan a offert son aide au pays pour enquêter sur les attaques du Hamas du 7 octobre. Khan a parlé de "certains des pires crimes internationaux qui choquent la conscience de l'humanité". Il a appelé le Hamas à libérer immédiatement tous les otages détenus.

Khan a également souligné qu'Israël était lui aussi lié par le droit international lorsqu'il attaquait la bande de Gaza. "Comme je l'ai dit précédemment, Israël dispose de juristes formés pour conseiller les commandants et d'un système robuste visant à garantir le respect du droit humanitaire international". Les accusations fondées de crimes de guerre présumés doivent être examinées de manière indépendante et rapide.

Le procureur s'est également dit très préoccupé par le nombre croissant d'attaques menées par des colons israéliens armés contre des citoyens palestiniens en Cisjordanie. La Cour pénale enquête déjà depuis 2021 sur le Hamas et Israël pour des crimes de guerre présumés dans la bande de Gaza. La Palestine est un État partie depuis 2015. En 2021, la Cour avait établi qu'elle était également compétente pour les territoires occupés depuis 1967, comme la Cisjordanie et la bande de Gaza.

UNICEF : Attaques à Gaza "immorales" et "certainement illégales".

Le porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), James Elder, a quant à lui vivement critiqué les attaques israéliennes dans la bande de Gaza lors d'une visite. Un "bain de sang" y a lieu, qui est "immoral" et qui sera "certainement considéré comme illégal", a déclaré Elder à la chaîne d'information Al-Jazira lors d'une visite à Chan Junis. Celui qui accepte cela se rend lui-même coupable. "Se taire, c'est être complice", a déclaré Elder, visiblement ébranlé, en parlant parfois d'une voix tremblante.

Pendant sa visite, il a vu partout des enfants gravement brûlés, blessés par des éclats d'obus, atteints de lésions cérébrales et souffrant de fractures. On voit des mères pleurer leurs enfants qui sont probablement "à des heures de la mort". Elder a qualifié de "fausse représentation" les dernières informations sur les soi-disant "zones sûres" pour la population de Gaza. Les gens seraient déplacés vers de "minuscules parcelles de terre", où il n'y aurait que du sable, pas d'eau, pas d'installations sanitaires et pas de protection contre les intempéries. "Ce ne sont pas des zones sûres, ce seront des zones de mort", a déclaré Elder. "Nous devons le qualifier pour ce qu'il est".

Israël veut protéger la population civile de Gaza

Le conseiller du gouvernement israélien Mark Regev a rejeté les accusations selon lesquelles son pays ne ferait pas assez d'efforts pour protéger la population civile de Gaza dans sa lutte contre le Hamas. "Nous faisons un maximum d'efforts, peut-être même des efforts sans précédent dans des circonstances similaires", a déclaré Regev à la BBC. Israël a désigné des quartiers spécifiques qui seront la cible d'attaques et avertit à l'avance les civils qui s'y trouvent de les quitter, a ajouté Regev.

Regev a attribué la responsabilité de la guerre de Gaza et de la reprise des combats après un cessez-le-feu de plusieurs jours exclusivement au Hamas. En outre, l'organisation "cache sa machine militaire de terreur" dans des quartiers résidentiels, sous des hôpitaux et dans des mosquées. La responsabilité des morts civiles incombe donc à l'organisation islamiste. Israël fait tout pour faire la différence entre les combattants et les civils. Regev a en outre mis en doute le nombre de morts civils à Gaza publié par les autorités sanitaires du Hamas. Cela deviendra clair après la fin de la guerre, a-t-il déclaré. "Si vous comparez ce qu'Israël a fait à Gaza et, disons, ce que la Grande-Bretagne et d'autres puissances occidentales ont fait dans la lutte contre l'EI en Syrie et en Irak, vous verrez que nous avons réussi, grâce à nos actions, à maintenir le nombre de victimes civiles à un niveau très, très bas", a déclaré Regev.

L'armée israélienne avait repris les combats contre le Hamas islamiste après l'expiration du cessez-le-feu. La vice-présidente américaine Kamala Harris et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin ont appelé Israël à mieux protéger les civils.

Selon le Hamas, les attaques israéliennes sur Gaza ont déjà tué bien plus de 15.000 personnes, dont de nombreux civils. Il est actuellement impossible de vérifier ces chiffres de manière indépendante. La guerre a été déclenchée par le pire massacre de l'histoire d'Israël, perpétré le 7 octobre par des terroristes du Hamas et d'autres groupes extrémistes en Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza. Du côté israélien, plus de 1200 personnes ont été tuées, pour la plupart des civils.