Le politologue Münkler demande plus d'armes nucléaires en Europe
Comment les Etats européens peuvent-ils empêcher les guerres à l'avenir ? Selon le politologue Herfried Münkler, cela pourrait être garanti par un plus grand arsenal d'armes nucléaires. Cela dissuaderait par exemple la Russie d'attaquer les pays baltes. Sa vision pour l'Ukraine est en revanche différente.
Le politologue Herfried Münkler a appelé dans le magazine Stern à un armement nucléaire de l'Europe pour une meilleure protection contre les guerres. "L'Europe doit se doter de capacités nucléaires", a déclaré Münkler. "Les Britanniques ont certes des sous-marins nucléaires, la France la bombe, mais vont-ils vraiment les utiliser pour protéger la Lituanie ou la Pologne ? Du point de vue du Kremlin, on peut en douter. Nous avons besoin d'une valise commune avec un bouton rouge qui se déplace entre les grands pays de l'UE".
Une spirale de réarmement est depuis longtemps en marche, à laquelle l'Europe ne peut pas se soustraire. "Après le mémorandum de Budapest, l'Ukraine a cédé ses armes nucléaires à la Russie, en échange de la promesse américaine, britannique et russe de protéger les frontières de l'Ukraine. L'expérience montre qu'un tel contrat ne vaut rien. Pour beaucoup, il est bien plus évident de mener la politique du Nord-Coréen Kim - il suffit d'être armé jusqu'aux dents pour être inattaquable. C'est la raison pour laquelle les mollahs iraniens veulent eux aussi la bombe. Et quand ils l'auront, l'Arabie saoudite en voudra une aussi. Et ensuite, il y aurait les Turcs. La guerre de Poutine en Ukraine a désavoué la politique de non-prolifération des armes nucléaires".
En Ukraine, Münkler se prononce pour des zones sans guerre et une grande solution de paix à la fin du conflit : "Il y a plus en jeu que la seule question ukrainienne", a déclaré Münkler au magazine Stern. "Nous devons nous demander si nous voulons seulement un cessez-le-feu en Ukraine et espérer qu'il dure aussi longtemps que celui entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ? Ou bien avons-nous confiance en un règlement de paix global ?" Il s'agit "d'intérêts géopolitiques, d'un contrôle russe de la mer Noire, sur laquelle Erdoğan a également des vues", selon Münkler. "Il faut aussi parler de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, de l'avenir de la Géorgie et de la Moldavie. Tout doit être mis sur la table, sinon on recommence à zéro peu de temps après".
Münkler a en outre contesté l'impression de ne pas pouvoir négocier une solution de paix pendant la guerre en cours. "Négocier et se battre n'est pas du tout une alternative, cela va souvent en parallèle", a déclaré Münkler. "On n'a pas besoin d'un cessez-le-feu, mais seulement d'un espace sûr, d'une zone sans guerre".
Münkler a fait référence à des exemples historiques : "Parallèlement aux négociations de Paris, les États-Unis ont procédé à une escalade de la violence dans le but d'améliorer leur position à la table des négociations. C'est également ce qui s'est passé lors de la paix de Westphalie : Le côté impérial n'a signé qu'après la défaite de la bataille de Jankau - quand il savait qu'il ne pouvait plus gagner militairement".
Source: www.ntv.de
