"Le jugement le plus sévère possible".
La Cour constitutionnelle allemande annule le budget supplémentaire du gouvernement fédéral et il y a soudain un trou de 60 milliards d'euros dans le budget. Comment gérer cette situation ? Au sein du gouvernement fédéral, les idées divergent fortement, c'est ce qui ressort de l'émission "Hart aber fair".
Le chaos budgétaire est parfait. Mercredi dernier, la Cour constitutionnelle fédérale a annulé le budget supplémentaire pour l'année 2021. Dans ce texte, le gouvernement fédéral avait réaffecté au Fonds pour le climat et la transformation (FCC) un budget parallèle de 60 milliards d'euros qui devait en fait être utilisé pour les aides Corona. Cet argent devait servir à soutenir l'économie, secouée après Corona et par la transformation écologique de l'Allemagne.
"Le jugement est très profond", constate le secrétaire général du SPD Kevin Kühnert lors de l'émission "Hart aber fair" sur la chaîne ARD, où il est question des conséquences pour le budget fédéral. "Nous avons fait une erreur", admet Kühnert. Nous avons fait une erreur d'appréciation juridique. La chef du groupe parlementaire des Verts, Katharina Dröge, déclare également : "Juridiquement, c'est clair : nous avons fait une erreur d'appréciation et nous sommes tous en colère que cette erreur d'appréciation se soit déroulée ainsi". Les entreprises ont traversé deux crises graves. Le gouvernement a voulu les soutenir tout en veillant à ce que l'économie puisse se préparer pour l'avenir. Cela doit aussi être l'objectif. "Sinon, de nombreuses personnes dans ce pays s'inquiéteront pour leur emploi. Nous voulons leur donner la certitude que les choses vont continuer dans ce pays".
C'est "le jugement le plus sévère possible qui pouvait être rendu", déclare l'économiste Jens Südekum, qui fait partie de l'équipe de conseillers du ministre fédéral de l'économie Habeck. Il avoue avoir été surpris par cette décision. Le jugement "ne facilitera pas la politique financière à l'avenir, surtout en temps de crise", explique Südekum.
Le jugement montre que la politique devra à l'avenir faire preuve de discipline dans la gestion de l'argent collecté par les impôts, déclare Serap Güler de la CDU. "Nous devons parler de priorités", demande Linda Teuteberg du FDP. L'ancienne secrétaire générale des libéraux est catégorique : l'arrêt de Karlsruhe renforce le frein à l'endettement.
Ce que veulent les partis
Mais c'est là qu'une nouvelle dispute s'annonce au sein de la coalition des feux de signalisation. Le frein à l'endettement avait été adopté en 2009 par la grande coalition de l'époque, le FDP et les Verts n'étaient pas d'accord. Chez les Verts, cette attitude n'a pas changé. Il s'agit maintenant de poursuivre les projets économiques décidés, explique Katharina Dröge. Selon elle, c'est important pour le site économique allemand. Toutefois, Dröge voit aussi un potentiel d'économie : "Nous faisons la promotion de la suppression des subventions nuisibles à l'environnement, ce qui représente 60 milliards d'euros dans le budget fédéral". Parallèlement, Dröge peut s'imaginer un autre fonds spécial, c'est-à-dire un autre budget parallèle, pour soutenir l'économie dans sa transformation écologique. Elle ne voit pas de potentiel d'économie dans les projets sociaux comme le revenu de citoyenneté ou la sécurité de base pour les enfants. "Un pays aussi riche que le nôtre ne devrait pas, à mon avis, se permettre la pauvreté des enfants".
La politicienne CDU Serap Güler est d'un tout autre avis. Elle s'oppose à l'augmentation du revenu citoyen au 1er janvier et à la garantie de base pour les enfants telle qu'elle doit être lancée en janvier. Si l'on suspendait les deux, on pourrait déjà économiser sept milliards d'euros. "Nous avons le paquet éducation et participation qui doit également contribuer à lutter contre la pauvreté des enfants. Chaque année, ce paquet n'est pas entièrement utilisé. (.....) Cette garantie de base pour les enfants ne signifie pour l'instant rien d'autre qu'une augmentation de la bureaucratie". Güler peut toutefois elle aussi imaginer un fonds pour la promotion économique.
Pour Linda Teuteberg, il s'agit avant tout de faire des économies. "Là, nous devons regarder sur tous les points. Rien n'est exclu", déclare-t-elle dans l'émission "Hart aber fair". Tout comme Katharina Dröge, elle se prononce pour des économies, mais ne veut pas exclure le budget social. Pour elle, le revenu citoyen en fait partie : "Nous devons très certainement remettre en question le fait que le revenu citoyen augmente plus que les revenus des personnes qui travaillent". Parallèlement, Teuteberg demande plus d'incitations au travail pour les bénéficiaires du revenu citoyen.
Kevin Kühnert souhaite économiser le moins possible dans le domaine social et fait remarquer : "Bien sûr, on peut d'une manière ou d'une autre mettre de côté 60 milliards d'euros si l'on passe maintenant partout au crayon rouge très épais. Le prix à payer est (.....) que cette société se désagrège". Lui et ses collègues du SPD ne lèveraient pas la main pour cela. Avec la chef de son parti, Saskia Esken, il s'engage pour une réforme du frein à l'endettement.
C'est également ce que propose Jens Südekum, qui pourrait même imaginer une nouvelle suspension de celui-ci. Il propose que le frein à l'endettement ne s'applique plus qu'aux dépenses de consommation de l'État, c'est-à-dire aux dépenses qui doivent être effectuées actuellement - comme le revenu de citoyenneté ou les pensions. En revanche, les dépenses d'investissement, qui sont orientées vers l'avenir, doivent être financées par des crédits.
Entre-temps, le ministère des Finances a réagi à la décision de justice de Karlsruhe. Une demi-heure après l'émission, on apprenait qu'il avait décrété un blocage budgétaire provisoire.
Source: www.ntv.de