Moyen-Orient - Guerre de Gaza : Israël viole-t-il le droit international ?
A première vue, la réponse semble simple pour beaucoup. La souffrance des civils dans la bande de Gaza est si grande qu'Israël viole manifestement le droit international humanitaire avec ses bombardements.
Les Nations unies (ONU) voient également de nombreux signes indiquant qu'un tel reproche est justifié. En même temps, le droit international ne conteste pas le fait qu'Israël a le droit de se défendre après l'attaque terroriste sanglante du 7 octobre organisée par le Hamas islamiste. Le respect des règles du droit international dépend d'informations qu'il est actuellement difficile d'obtenir de manière indépendante.
Le bombardement de la bande de Gaza, qui a fait des milliers de victimes civiles, est-il une violation du droit international humanitaire ?
La réponse exige une analyse précise. Actuellement, l'évaluation de la situation se fait surtout en fonction des informations fournies par les belligérants. En principe, le droit international humanitaire protège les civils et les biens civils. En cas d'action militaire, les militaires doivent notamment veiller strictement à la proportionnalité des moyens. Il n'existe pas de formule permettant de déterminer à partir de quand la proportionnalité entre les victimes civiles et l'objectif militaire atteint est violée. La tentative d'éliminer les dirigeants du Hamas peut justifier davantage de victimes civiles qu'une attaque contre de simples soldats.
Comment peut-on évaluer le fait qu'Israël affirme tenter de limiter le nombre de victimes civiles par des couloirs de fuite et des avertissements ?
Il existe en droit international une obligation d'avertir les civils qu'une attaque militaire est imminente. Cela peut se faire par SMS, par tracts ou par d'autres moyens. Si les civils ne tiennent pas compte de l'avertissement et de l'invitation à quitter la zone, cela ne change pas leur statut. Ils restent toujours des civils. L'efficacité des alertes et des offres de fuite et la question de savoir si elles répondent aux exigences du droit international humanitaire font actuellement l'objet de controverses et de discussions entre les spécialistes du droit international. Une évaluation complète nécessite une analyse précise des circonstances spécifiques et du déroulement des opérations militaires.
Comment évaluer l'utilisation des boucliers humains ?
L'utilisation de boucliers humains est généralement considérée comme une violation grave du droit international humanitaire. L'utilisation de civils pour protéger des objectifs militaires est un crime de guerre. La condamnation de l'utilisation de boucliers humains est largement répandue au niveau international.
Les hôpitaux bénéficient-ils d'une protection absolue ou peut-on accepter des victimes civiles lorsque des adversaires militaires s'y retranchent ?
Le principe de protection absolue des établissements médicaux signifie qu'ils ne peuvent pas être attaqués - à moins qu'ils ne soient utilisés pour des actions hostiles. Un hôpital d'où des combattants tirent des coups de feu ou des missiles peut devenir une cible militaire. Si l'ennemi se retranche dans ou sous le bâtiment, celui-ci ne doit pas pour autant être attaqué, explique Yvonne Karimi-Schmidt, spécialiste du droit international à Graz. La protection des civils et des installations civiles est prioritaire et on attend des parties au conflit qu'elles fassent tout pour protéger les installations médicales et leur personnel.
Quel est actuellement le point de vue israélien ?
L'ancien procureur général Avichai Mandelblit fait remarquer que la question de la proportionnalité des attaques est considérée individuellement et non pas en fonction du nombre total de civils tués. Il parle d'une "guerre asymétrique" avec le Hamas. En tant qu'État démocratique, Israël est tenu de respecter les règles de la guerre, alors que le Hamas les enfreint, par exemple en utilisant des civils comme boucliers ou en tirant des roquettes sur les centres de population israéliens. Lors des décisions concernant les attaques israéliennes, des experts juridiques sont toujours impliqués et peuvent se prononcer sur la proportionnalité. Mais la décision finale revient à un commandant.
Qu'en est-il de la livraison de l'aide ?
Qu'il s'agisse d'une puissance occupante ou d'une partie belligérante, Israël doit dans tous les cas autoriser la livraison de biens humanitaires tels que nourriture, eau, médicaments. De telles mesures ne remplacent toutefois pas la protection et le respect fondamentaux des droits de l'homme. Selon Karimi-Schmidt, l'accord d'Israël pour la livraison de biens humanitaires est une étape positive pour répondre aux besoins humanitaires de la population de la bande de Gaza.
Quels dangers juridiques ou politiques Israël voit-il ?
Mandelblit souligne que tuer des civils n'est pas dans l'intérêt d'Israël, au contraire, cela fait le jeu du Hamas. Le Hamas préfère donc une guerre dans des zones résidentielles densément peuplées à un conflit en zone ouverte. "Si vous tuez des civils, si vous attaquez des hôpitaux et des mosquées qui bénéficient d'une protection spéciale, vous devez prouver qu'ils étaient des cibles militaires, sinon vous perdez la guerre, vous perdez dans les médias et sur le front juridique", dit-il. Si la légitimité de l'action militaire est remise en question, "le monde vous arrêtera".
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Source: www.stern.de