Esken : "Tout le monde savait que c'était une astuce".
Après le verdict de Karlsruhe, les choses se compliquent pour les feux de signalisation. Comment combler le trou de 17 milliards d'euros ? Le chef du service politique de ntv, Blome, parle chez Markus Lanz d'une crise gouvernementale. La chef du parti SPD Esken ne la voit pas et étonne par une déclaration.
La chef du parti SPD Saskia Esken n'a pas la tâche facile. Mardi soir, elle devra expliquer dans le talk-show Markus Lanz de la ZDF comment la décision de la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe, qui donne tant de fil à retordre au gouvernement fédéral, a pu être rendue. En effet, les feux de signalisation doivent faire face à un trou budgétaire de 17 milliards d'euros. Depuis quelques jours déjà, le chancelier Olaf Scholz, le ministre de l'Economie Robert Habeck et le ministre des Finances Christian Lindner sont assis ensemble et discutent. En fait, Scholz et les sociaux-démocrates souhaitaient que le sujet soit provisoirement clos à la fin de l'année, mais il n'en sera rien. Du moins, le cabinet ne se penchera pas sur le budget fédéral ce mercredi. La semaine prochaine, le Bundestag se réunira normalement pour la dernière fois de l'année. Il est très peu probable que le Parlement se penche alors sur le budget 2024.
Markus Lanz a invité trois personnes avec lesquelles il veut parler du budget fédéral dans la première moitié de son émission. Nikolaus Blome, le chef de la politique de ntv et RTL, parle d'une crise gouvernementale, mais Esken et Lars Feld, le conseiller économique du ministre des Finances, voient les choses autrement. Selon eux, le gouvernement a réaffecté les aides Corona, que l'économie n'a pas sollicitées, à un fonds de transformation. "Tout le monde savait que c'était une astuce", explique Esken.
Jeudi dernier, la politicienne avait parlé d'une astuce dans le talk-show Maybrit Illner de la ZDF. Lanz veut maintenant savoir ce qu'il en est réellement et si le gouvernement a triché. Il ne parvient pas à arracher ce seul mot à Esken, alors qu'il se donne déjà beaucoup de mal, de manière presque insistante. Nikolaus Blome le soutient lorsqu'il critique : La moitié des experts ont mis en garde le gouvernement fédéral contre cette mesure. "On savait que c'était au moins 50 pour cent risqué. On peut le faire de temps en temps si on est un bon joueur et qu'on a les nerfs solides. Mais ce gouvernement n'a pas de bons nerfs, et il ne faut pas non plus miser tout ce que vous avez sur cette chance de 50 pour cent. Et tout ce que vous avez, c'est ce gouvernement, et ça dépend de ce truc. Et c'était un peu très risqué".
Un peu plus tard, Blome ajoute : "C'était un tour de magie pour concilier tout ce que vous n'avez justement pas réussi à concilier dans vos négociations de coalition". Selon lui, la coalition voulait garantir que les partis de l'Ampel puissent faire passer leurs projets favoris sans augmenter les impôts.
"Vous pouvez tout aussi bien dire qu'il s'agit d'une évolution de la pratique budgétaire qui s'est développée au cours des vingt dernières années", déclare l'économiste Lars Feld. Lui non plus ne veut pas parler de trucage. Il explique plutôt de manière peu compréhensible la pratique des gouvernements de l'Etat fédéral et des Länder consistant à créer des fonds spéciaux ou des budgets parallèles.
Feld critique les investissements
Dans son jugement rendu mi-novembre, la Cour constitutionnelle fédérale avait déclaré illégale l'augmentation du Fonds pour le climat et la transformation (KTF) par des crédits inutilisés issus de la pandémie Corona. Ce fonds devait notamment fournir de l'argent à des entreprises comme Intel qui souhaitaient s'implanter en Allemagne de l'Est. L'économiste Lars Feld déclare maintenant chez Lanz : "Je n'investirais pas dans Intel et je ne verserais pas non plus ces sommes énormes aux anciennes industries pour les aider à se transformer pour faire face au changement climatique". On peut par exemple importer de l'acier, il n'est pas nécessaire de le produire soi-même. "Nous vivons dans une économie où la division du travail est très poussée. Nous n'avons pas non plus d'autarcie par ailleurs. Nous pouvons l'obtenir de l'étranger".
Esken n'est pas d'accord avec cela, l'Allemagne deviendrait ainsi dépendante d'autres pays. "Jusqu'à présent, nous étions par exemple dépendants de l'énergie bon marché de la Russie". A l'avenir, on dépendrait alors d'autres pays si l'on avait besoin d'acier bon marché. Et elle cite un autre exemple : "Investir dans l'industrie des semi-conducteurs en Europe, qu'elle s'installe ici en Allemagne, c'est investir dans notre indépendance". En outre, Esken attire l'attention sur les chaînes d'approvisionnement qui ont par exemple été interrompues lors de la crise Corona. Blome fait lui aussi remarquer : "Il faut déjà prendre acte du fait que la mondialisation ne fonctionne plus aussi bien qu'il y a cinq ans". C'est pourquoi il peut comprendre qu'un gouvernement fédéral mène aujourd'hui une politique industrielle que l'on aurait considérée comme démodée il y a vingt ans.
Mais Feld cite encore un autre point qui, selon lui, s'oppose au soutien de l'État à l'implantation d'autres entreprises étrangères en Allemagne : le changement démographique. "C'est complètement rétrograde de dire que nous devons subventionner des emplois à tout prix ici et là". Si l'on créait 3000 emplois chez le fabricant de puces Intel, ces travailleurs manqueraient ailleurs, selon Feld.
Esken ne se laisse pas convaincre. Elle demande de "préserver le noyau industriel en Allemagne et de veiller à ce que nous ne tombions pas à nouveau dans des dépendances telles que celles que nous avons connues dans les chaînes d'approvisionnement".
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Source: www.ntv.de