Débat républicain décalé - avec attaque en talons hauts
Les candidats républicains à la présidence ont tenté de se distinguer lors d'un nouveau débat télévisé avec des messages de fermeté politique et des attaques réciproques.
Le soir, cinq républicains sont montés sur scène à Miami, mais ils sont tous loin derrière leur concurrent interne, Donald Trump, dans les sondages. L'ex-président américain n'a pas assisté au troisième débat et s'est présenté devant ses partisans à moins de 20 kilomètres de là, à Hialeah, également dans l'Etat de Floride.
L'ancienne ambassadrice des Nations unies Nikki Haley, qui a récemment rejoint le gouverneur de Floride Ron DeSantis dans les sondages, a été la cible d'attaques verbales lors du débat télévisé.
Pour DeSantis, qui était encore considéré comme le concurrent le plus prometteur pour Trump au début de la course, la situation s'est en revanche dégradée au cours des derniers mois. DeSantis a attaqué ouvertement Haley, 51 ans, à plusieurs reprises sur la scène télévisée. Mais c'est surtout l'entrepreneur Vivek Ramaswamy qui l'a prise pour cible à presque chaque intervention.
Les attaques criardes
L'homme de 38 ans a qualifié Haley de "Dick Cheney en talons aiguilles de sept centimètres" en se moquant de l'ancien vice-président américain. Elle a rétorqué que ses chaussures mesuraient douze centimètres et qu'elle ne les utilisait pas pour des raisons de mode, mais comme munitions.
Lorsque Ramaswamy a fait remarquer, à propos du sujet de la dispute concernant la plateforme vidéo TikTok, que Haley ne contrôlait pas sa propre famille parce qu'elle condamnait TikTok alors que sa fille utilisait le service, la républicaine a répliqué de manière désagréable : "Tu es tout simplement une ordure".
Ramaswamy, à qui l'on ne donne pas de réelles chances dans la course, s'est à nouveau montré remarquablement offensif. Il a profité de la première question pour discréditer les organisateurs du débat, la direction du Parti républicain et la chaîne de télévision NBC, et pour demander à la présidente du parti, Ronna McDaniel, de démissionner. Il a ensuite qualifié le président ukrainien Volodymyr Selenskyj de "nazi" et le président américain Joe Biden de "marionnette" politique.
Les grands thèmes
Outre les nombreuses escarmouches et provocations personnelles, les débats ont porté sur des sujets de poids : les guerres dans la bande de Gaza et en Ukraine, les conflits avec la Chine et l'Iran, l'immigration, l'avortement et la drogue. Le sénateur de Caroline du Sud, Tim Scott, et l'ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, ont fait pâle figure.
Unis, les candidats républicains ont déploré que le pays aille à vau-l'eau sous la direction du président démocrate Joe Biden. Ils se sont également montrés unis en ce qui concerne le soutien à Israël dans la guerre contre le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. La question de la poursuite du soutien à l'Ukraine dans sa lutte contre la Russie a en revanche révélé les divisions au sein du parti républicain.
Alors que Haley et Christie ont plaidé pour une aide militaire supplémentaire à Kiev, DeSantis, Scott et Ramaswamy se sont montrés sceptiques. "Nous devons veiller à ce que les Européens fassent leur juste part", a par exemple déclaré DeSantis.
Les déclarations fracassantes
Tous les cinq ont tenté de marquer des points sur de nombreux sujets avec des messages de fermeté - surtout vis-à-vis de la Chine, de l'Iran ou des cartels de la drogue du Mexique. Scott a plaidé pour que l'armée américaine ne se contente pas d'attaquer des milices pro-iraniennes en Syrie, mais qu'elle frappe des cibles en Iran même. Haley a également demandé plus de fermeté à l'égard de Téhéran. "Tu les frappes une fois, et bien fort, et ensuite ils arrêtent".
Haley a adopté un ton étonnamment conciliant sur la question de l'avortement, un sujet sur lequel les fronts sont habituellement très durs dans le pays. Elle a déclaré que même si elle était plutôt opposée à l'avortement, elle respectait la position des partisans de l'avortement. Une interdiction générale de l'avortement ne pourra vraisemblablement pas être imposée au niveau fédéral. C'est pourquoi elle a préconisé la recherche de compromis sur certains points, tous partis confondus.
Ramaswamy, quant à lui, s'est distingué, outre par des attaques personnelles, par des positions populistes, des théories du complot et des déclarations extrêmes pour se mettre en scène. Il a notamment plaidé pour l'achèvement du mur à la frontière sud avec le Mexique, mais aussi pour la construction d'un nouveau mur à la frontière nord avec le Canada, afin d'empêcher le trafic de drogue depuis ce pays également.
La suite des événements
L'ex-vice-président Mike Pence, qui était encore sur scène lors du précédent débat, s'est entre-temps retiré de la course. Celui qui veut devenir candidat à la présidence des républicains doit d'abord s'imposer lors de primaires dans les différents Etats. Chez les républicains, les électeurs de l'Iowa seront les premiers à choisir leur candidat préféré à la mi-janvier.
Trump, en tête des sondages chez les républicains, sera confronté à plusieurs procédures judiciaires au cours de l'année électorale. Alors que ses collègues de parti se sont contentés de le critiquer gentiment sur le plateau de télévision, Trump a déroulé son programme habituel devant des partisans à Hialeah, déplorant que les procédures judiciaires engagées contre lui ne soient rien d'autre que des persécutions politiques. Il n'avait pas non plus assisté aux précédents débats télévisés de ses collègues de parti, arguant qu'il n'avait pas besoin d'y participer en raison de sa cote de popularité.
Source: www.dpa.com