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Controverse autour des manifestations à Gaza - Londres au bord de la crise gouvernementale

Depuis longtemps, la ministre britannique de l'Intérieur Suella Braverman se met en scène comme une conservatrice dure. Aujourd'hui, cette femme de 43 ans pourrait avoir franchi la limite. Mais il s'agit probablement d'un calcul.

La ministre britannique de l'Intérieur Suella Braverman..aussiedlerbote.de
La ministre britannique de l'Intérieur Suella Braverman..aussiedlerbote.de

Controverse autour des manifestations à Gaza - Londres au bord de la crise gouvernementale

La ministre britannique de l'Intérieur Suella Braverman profite de l'agitation provoquée par les manifestations propalestiniennes pour se mettre en scène en tant que successeur potentiel du Premier ministre Rishi Sunak. La conservatrice de la ligne dure a accusé la police londonienne, dont elle est elle-même responsable, d'être aveugle à l'œil gauche et de tolérer des violations du droit lors des "marches de la haine" contre le bombardement israélien de la bande de Gaza. Sunak a subi jeudi une forte pression pour renvoyer cette femme de 43 ans qui fait depuis plusieurs jours la une des journaux du pays avec ses déclarations populistes de droite.

Le porte-parole de Sunak a dû se faire demander si le Premier ministre avait l'impression que Braverman respectait encore son autorité. "Oui", a répondu ce dernier. Et Downing Steeet a souligné que le chef du gouvernement avait "toute confiance" en sa collègue de parti.

Mais c'est justement cela qui pourrait affaiblir le Premier ministre. Même de nombreux Tories ont l'impression que Braverman joue délibérément la carte de la confrontation. "Elle est en mission, elle veut être renvoyée", a déclaré un député cité par la chaîne Sky News. Certains observateurs pensent que Braverman revendiquera la direction du parti au plus tard après les prochaines élections, qui auront probablement lieu en 2024 et qui, à l'heure actuelle, devraient être perdues avec fracas par les Tories. Si elle est renvoyée par Sunak, son nom ne sera pas associé à un échec électoral, dit-on à Londres.

La représentante la plus bruyante de l'aile droite du parti

Depuis longtemps déjà, Braverman se présente comme la représentante la plus bruyante de l'aile droite du parti. La ministre a la "licence pour dire l'indicible", a commenté le journaliste en chef de la BBC Chris Mason. Elle est autorisée à exprimer des opinions que ses collègues n'oseraient même pas dire en privé. "Comment savons-nous qu'elle a la licence ? Si elle ne l'avait pas, elle serait licenciée".

A plusieurs reprises, Braverman a calé contre les migrants irréguliers, parlant d'une "invasion" et plus récemment d'un "ouragan". Elle s'en est pris aux homosexuels et aux "écolos zélés". Il y a quelques jours, la ministre voulait interdire aux organisations caritatives de donner des tentes aux sans-abri qui auraient choisi la vie dans la rue comme "style de vie". L'agitation au sein du parti était alors déjà grande.

Le parti d'opposition Labour, qui caracole en tête de tous les sondages, a alors qualifié Braverman d'"incontrôlable". Le fait que Sunak la laisse faire prouve sa faiblesse. La ministre a en revanche reçu des encouragements de la part de l'aile droite. Braverman est authentique, c'est ce que les gens veulent, a déclaré l'ex-ministre du Brexit David Frost.

Pour Sunak, l'affaire se transforme en épreuve de force. S'il renvoie Braverman, les archiconservateurs lui reprocheront bruyamment de céder à la pression des forces libérales. S'il maintient Braverman, il fait indirectement siennes leurs déclarations populistes de droite.

Baisse des sondages

D'une manière ou d'une autre, la querelle assombrit à nouveau les projets politiques. Sunak voulait pourtant laisser derrière lui les scandales de ses prédécesseurs Boris Johnson et Liz Truss et marquer des points avec compétence, intégrité et stabilité. Il n'a pas atteint cet objectif, comme le montre un récent sondage. Seuls 25 pour cent considèrent son gouvernement comme intègre, un peu moins comme compétent et efficace. Lors de l'entrée en fonction de Sunak il y a un peu plus d'un an, toutes les valeurs étaient nettement plus élevées.

Le fait que Sunak ait alors installé Braverman avait déjà été vivement critiqué. En effet, elle avait démissionné du même poste quelques jours auparavant pour avoir transmis un document officiel depuis son adresse électronique personnelle. Mais en tant que représentante de l'aile droite, elle était manifestement trop importante pour Sunak.

Le Premier ministre s'est tout de même laissé une porte de sortie. Son porte-parole a confirmé que la tribune de Braverman dans le "Times", dirigée contre la police, n'avait pas été approuvée par le gouvernement. Il a souligné que l'affaire serait examinée. "Nous fournirons une mise à jour si cela est approprié". Mais il n'y a pas de calendrier.

Source: www.dpa.com

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